Le 8 novembre 2016, Barack Obama, le premier président noir américain, cèdera son siège au 45eme président des Etats-Unis.
Le président sera-t-il finalement unE PrésidentE ?
En novembre 2015, à un an des élections présidentielles, Slate.fr nous expliquait pourquoi Hillary Clinton serait élue Présidente des Etats-Unis d’Amérique. Notamment parce qu’elle est une femme.
Un sondage de Gallup, publié en juin 2015, indiquait en effet que plus de neuf Américains sur dix se disent prêts à voter pour une femme à la prochaine présidentielle.
Présage ?
Quels pronostics à 9 mois des élections, alors que la campagne des primaires bat son plein ? L’ancienne First Lady sera-t-elle la première Présidente des Etats-Unis ? Et comment une femme candidate traverse-t-elle cette période de campagne où tous les coups sont permis, bons et mauvais ?
Retour sur une candidature entre turbulences médiatiques et sexisme
Est-ce le personnage d’Hillary ou le fait qu’elle soit une candidate femme qui dérange ? C’est une question à poser face à l’attitude des médias qui, on le sait, ne sont pas tendres avec la candidate. Il faut dire qu’elle n’a pas toujours joué leur jeu, optant pour une stratégie dite de « Bunker », notamment quand elle endossa le rôle de First lady en 1983. C’était il faut le préciser, la première fois qu’une first lady s’est vue attribuer un rôle officiel et opérationnel à la Maison Blanche. Après l’élection, Bill Clinton lui avait donné un bureau à la présidence et un mandat pour se charger de la réforme des services de santé.
« Deux Clinton pour le prix d’un » disait-on !
Attaquée à de multiples reprises et parfois violemment par la presse conservatrice, Hillary, durant sa présence à la Maison Blanche, n’a pas vraiment surmonté sa méfiance vis à vis des médias politiques.
Lors de sa campagne pour les élections sénatoriales de New-York en 2000, elle a réorienté sa stratégie et s’est mise à l’écoute des journalistes locaux tout en allant à la rencontre des électeurs.
En tant que sénatrice, Hillary aura su gagner le respect de ses électeurs, au delà de la ville, jusqu’à ses collègues du Sénat.
En obtenant sa réélection en 2006, elle faisait donc figure de favorite à l’investiture démocrate présidentielle de 2008 mais son soutien apporté à Bush pour l’invasion de l’Irak et le fait que les médias n’avaient d’yeux que pour Obama ont eu raison de ses ambitions.
Déjà, le sexisme entrait dans la campagne. « Les hommes ne voteront pas pour Hillary Clinton, parce qu’elle leur rappelle leurs femmes acariâtres » a lancé le présentateur de Fox, Neil Cavuto, en citant un invité de son émission.
Aujourd’hui, plongée dans l’arène des présidentielles et avec le scandale de Bengazhi en 2012 et celui plus récent des e-mails personnels, Hillary Clinton doit encore faire face aux américains septiques, dans son camp démocrate.
Etre une femme, un atout pour gagner les présidentielles ?
Selon un sondage Economist/YouGov réalisé en mars 2015, deux Américains sur trois pensaient «oui».
Comme toutes les élections américaines, la personnalité du candidat revêt son importance. Mais comme le souligne François Durpaire, historien, dans un article signé France Info, «Si les Américains ne votent pas pour la candidate démocrate, ce ne sera pas une question de genre, même si c’est un paramètre important de cette élection, mais parce qu’il y a d’autres facteurs qui rentrent évidemment en ligne de compte.».
On pourrait imaginer que les femmes américaines seront un atout pour la candidate d’autant plus que l’électorat féminin est davantage acquis aux démocrates. Pourtant, dans la lutte pour remporter les primaires, rien n’est joué pour Hillary. En janvier 2015, le site Observer publiait un article titrant : Les femmes ne sauveront pas Hillary Clinton.
D’après les sondages sortie des urnes diffusés par NBC News et ABC News sur les explications de vote, seules 44% des femmes ont choisi l’ex-secrétaire d’Etat quand 55% optaient pour Bernie Sanders.
Ce dernier, élu de justesse dans l’Iowa semble encore aujourd’hui se positionner comme le meilleur choix de l’électorat féminin.
Briser « le plafond de verre le plus résistant et le plus élevé »
Devenir la première femme présidente des Etat-Unis est un des arguments chocs de la campagne d’Hillary mais son positionnement féministe lui permettra-t-il de remporter la course des primaires ?
Son objectif, dit-elle, est de briser « le plafond de verre le plus résistant et le plus élevé« . Certes, ce serait un signe fort pour l’égalité Femmes-Hommes.
Et pourtant, l’argument du genre ne suffira pas.
Il faudra pour Hillary redoubler d’efforts pour séduire les femmes et les jeunes, qui sont aujourd’hui plus favorable à son adversaire. « Sanders, qui se revendique d’un socialisme démocratique, a pour sa part galvanisé ses partisans en appelant à une meilleure distribution des richesses et un accès gratuit à l’éducation et à la santé » souligne la rédaction du Nouvel Obs dans un article sur le féminisme d’Hillary.
Finalement, et même si une femme brisait enfin le plafond de verre ultime qui la mènerait à la Maison Blanche, au-delà des facteurs humains et sociologiques, on notera que l’arme majeure de réussite dans une campagne, c’est de savoir démontrer sa compétence. Si Hillary et son « Hillaryland » veulent se frayer un chemin vers la présidence des Etats-Unis, il faudra d’abord porter ce message !
#YesSheCan ???