En 1977, un certain Michel Polnareff alors exilé aux Etats-Unis pour de sombres histoires fiscales, envoyait un message poignant à son pays d’origine dans sa fameuse « Lettre à France ». 40 ans plus tard, si certains continuent de la quitter pour diverses raisons, la patrie des Lumières attire cependant bon nombre d’étrangers, attirés par sa renommée, sa flamboyante histoire, sa culture et son hospitalité…Mais quand le jeune Reda, algérien de Tlemcen, débarque à Paris à 18 ans des rêves pleins les yeux, la réalité quotidienne le fera vite redescendre sur la terre entachée du racisme ordinaire. Pourtant bachelier avec mention, puis diplômé à la Sorbonne, le jeune homme devra lutter face aux préjugés et aux clichés inhérents à sa nationalité. Découvrant rapidement les joies du théâtre, il trouvera là un moyen de raconter son parcours et d’affronter l’adversité pour exposer à sa manière son amour de ce pays d’adoption, malgré tous ses travers. « Lettre à France » est donc ce témoignage, drôle et poétique, chaleureux et critique, parfois maladroit (sa marge de progression en terme de jeu est encore énorme), un peu trouble (le mariage pour tous ne semble pas le réjouir plus que ça) mais toujours sincère et touchant. A 24 ans, son regard d' »immigré sans papiers » éclaire avec fraîcheur une société schizophrène que d’autres jeunes du stand-up ont eu tendance à uniformiser régulièrement depuis quelques années. Loin des clichés, raffiné, cultivé, Reda Seddiki nous propose une invitation au voyage salutaire en ces temps de repli communautaire, avec la promesse de jours meilleurs, un talent indéniable et pour le coup, sans frontières.
En spectacle à la Nouvelle Seine à Paris et en tournée française.
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