Encore un article qui fleure bon le smile et la positive attitude, non ?
Il arrive tant de fois que je me sente dépassée, voire carrément à côté de mon rôle de parent. Que je me trouve ni assez adulte, ni assez patiente, assez altruiste, organisée, joueuse, affectueuse et bienveillante. Pas assez maman.
Une maman en carton, en bois, une demi portion de parent, voire même un imposteur (je ne sais pas comment ça se dit au féminin)
Comme si je ne méritais pas mon rôle ou mes enfants. J’avais pourtant pris de l’assurance avec la naissance de ma deuxième fille, beaucoup plus materné, mieux vécu le congé parental (ou presque), je me sentais plus sure de moi avec un bébé en écharpe et l’autre marchant à mes côtés. J’ai passé le cap de la trentaine, j’ai (enfin) mon permis et ma voiture, bref je suis une maman et je suis beaucoup plus informée et au point sur mes principes et envies qu’il y a 4 ans.
Et pourtant… En ce moment la fatigue et le stress me font devenir cette mère que je déteste. Si éloignée de celle que je veux être, celle qui pour moi convient le mieux à mes enfants. Celle qui pourrait leur permettre de grandir harmonieusement en prenant confiance en eux, les laisserait respirer en les observant avec bienveillance, aurait les bons gestes, les bons reflexes et les bons mots. Pas tout le temps, parce que cette maman serait humaine, mais souvent. Qui saurait toujours réparer ses erreurs et ne se plaindrait jamais. Ou très peu.
A la place j’ai l’impression que mes nerfs prennent le dessus et je sature, je crie, je hurle, je dis des choses que je ne devrais pas, je m’excuse bien trop souvent (rapport au fait que je préférerais ne pas avoir à le faire, en fait)
J’ai en face de moi un bébé exigeant et une petite fille qui grandit et se cherche, vit mal les perturbations qui se présentent à nous en ce moment, a beaucoup de questions et d’angoisses auxquelles je ne sais souvent pas répondre correctement. Ou pas répondre du tout.
J’ai cette impression bien trop souvent de ne pas être un bon parent. Ces moments où on joue toutes les 3, où on se câline, on rit, on se fout de l’heure sur l’horloge, ces moments où on est tous les 4 sereins ou en plein fou rire, sont toujours éclipsés par ceux où je crie et je m’emporte. Et je hais cette colère là, parfois je me hais moi, pour faire pleurer cette petite fille et avoir des réflexes débiles, des phrases d’un autre temps. Je culpabilise parce que je sais le mal qu’elles font pour m’être un peu documentée.
Alors je m’excuse, pas tout le temps, mais je m’explique, sans chercher à me justifier parce que non, crier et lui dire qu’elle est « méchante » ce n’est pas normal.
Ce qui est normal, par contre, c’est d’être fatigué, dépassé, au féminin comme au masculin, au singulier et au pluriel, en tant que parents. On se met une pression de dingue, on a un rythme fou, on essaie de tout concilier alors qu’on ne peut clairement pas. Les journées ne font que 24 heures, quand on bosse on n’en passe qu’une ou deux par jour avec ses enfants, on est fatigués et eux aussi… Quand on est en congé parental on les voit plus, certes, on enchaine les journées à ranger, nettoyer, faire les papiers, lancer des lessives, les étendre, nettoyer à nouveau, re-ranger, et on passe souvent à côté des enfants également. Enfants qui sont souvent énervés et fatigués comme nous, sur-stimulés, qui voudraient 5 minutes de notre précieux temps. Et qui crisent, parce qu’au moins on s’arrête et on les regarde un peu.
Liloute m’a dit hier soir « Tu sais maman c’est pas grave quand tu cries. Je sais que c’est pas pour de vrai. » Sur le coup je me suis demandé comment le prendre. Si elle me défiait du genre « même pas peur tralalalalère » ou si elle me disait qu’elle comprenait que souvent, la cocotte minute dans ma tête montait trop en pression et devait évacuer un peu. Alors j’ai juste souri et j’ai dit qu’elle avait raison, que je ne criais jamais sur elle mais parce que j’étais fatiguée. Que je criais sur mes soucis.
« Les grands ça a beaucoup de soucis hein maman ? »
Et j’ai pleuré. Parce que c’est vrai, qu’on ne voit pas l’essentiel, mais c’est tellement dur à voir parfois. J’ai pleuré de voir comme du haut de ses 4 ans et 4 mois, elle comprend tellement plus de choses que moi. Comme elle a besoin de réponses, de dialogue, et qu’il suffirait que je lâche balai, aspirateur, éponge, bac à linge et mon clavier pour le voir. Ou juste de mes bras.
En réféchissant, je me dis que la moitié de ma colère et de mon énervement, au minimum, est dirigée contre moi. Contre mon « incompétence » et mes imperfections en tant que maman, femme, épouse. Je n’ai pas eu le bon comportement devant une crise de ma grande ? La cocotte minute s’agite et je crie. Je crie sur moi, sur les circonstances, sur elle alors que je ne devrais pas. Elle a juste été le déclencheur, même pas, mon énervement contre ma mauvaise réaction en tant que mère l’a été.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Assieds-toi par terre et ouvre les bras. Cela ne marche pas ? Bon. Tu es toujours mieux assise que debout à fulminer (oui j’aime bien utiliser des mots comme ça). Respire. Tu sais ce truc bête, inspirer, expirer. Vraiment, sans bloquer ni te retenir. Tu te rends compte que tu ne respires jamais à fond, que tu te retiens même de respirer ? Regarde la vraiment. Essaie de te souvenir comme c’était, d’être un enfant. Et si jamais tu n’y arrives pas, va dans une autre pièce et tape dans n’importe quoi. Crie, mais pas sur elle, pas sur elles, pas sur toi. Cries ta fatigue et ton ras le bol, vas-y, tu as le droit.
Etre la mère que j’aimerais être, ça n’a pas de sens, au fond. Etre leur mère, c’est suffisant. Arriver à lâcher prise et s’autoriser des erreurs, ce défi de géant que je n’ai toujours pas relevé. Le reste viendra tout seul.