Je la vois venir de loin.
Quand elle sera au pas de porte,
dois-je sortir de ton flanc?
Par la dernière porte,
au bout du couloir incendié
de ta mémoire,
je m'évade
au labyrinthe, aux herbes folles, des tentacules
de tes bras
aux couleuvres rampantes de ma sueur en flaques.
La porte claque.
Elle entre
dans l'antre
uni-vert,
vert du nénuphar qui pousse dans un bulbe qui saigne,
saigne le trou de ver.
De tes rideaux,
elle se taillera une robe à l'échancrure plongeante
pour mieux lui aspirer le cœur.
Allonge-la
sur tes feuilles rouges ensablées
aux éclaboussures blanches de ton encre
surgie d'un jaillissement lexical
sur une fenêtre embuée,
écris-moi du doigt
à même la vitre,
à même les yeux qui suintent,
le théorème des entiers
indivisibles
Les entiers indivisibles,
c'est quand le garde champêtre
se grattant la raie de son ennui,
dans nos champs, où il aime paître
compte nos impairs en anges déchus,
met à l'amende
quiconque cueille l'amande
défendue,
quiconque creuse
des excavations pulpeuses,
quiconque cultive
l'asperge charnue.
Les entiers indivisibles,
c'est quand tu te fais numérateur
du dénominateur commun qu'elle est
et que je sois infinitésimale,
un plancton dans le ventre d'un cétacé.
La déesse des mers du sud inonde tes rivages
et craint de se mouiller.
L'homme divisible par une seule femme
reste entier.
L'homme indivisible
par une femme infinitésimale
tend vers l'infini.
Et un homme infini, pour une femme infinitésimale,
c'est, souvent, beaucoup trop.
Et..
quelques fois,
pas assez...