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L’Éthiopie n’avait rien vu de tel depuis 30 ans. Si le phénomène climatique El Niño survient en moyenne tous les quatre à sept ans, il a laissé le pays d’Afrique du Sud dans une sécheresse redoutable. Et, "l’urgence est d’une trop grande ampleur pour un seul gouvernement" a affirmé Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies au sommet de l’Union africaine à Addis Abeda début février. "Une assistance immédiate sauverait des vies et soutiendrait également le développement impressionnant de l’Éthiopie au cours de la dernière décennie".
"Rien de ce que nous avons semé n’a poussé. Jusqu’à présent, nous avons survécu en mangeant les fruits des cactus et les restes des cactus de notre bétail. Mais cette source de nourriture est maintenant tarie", confie Tsega Aregawi, mère de huit enfants. Avec une économie principalement fondée sur l’agriculture qui est également la principale source d’alimentation des Éthiopiens, le second pays le plus peuplé d’Afrique voit la sécheresse augmenter considérablement le nombre de personnes touchées par la famine. Car, "ce que ne savait pas encore le gouvernement, c'était l'intensité des sécheresses", affirme Vincent Taillandier, directeur des opérations humanitaires d'Action contre la faim. Aussi, il semblerait que si 10.2 millions d’Éthiopiens nécessitent une aide humanitaire, le nombre pourrait "doubler en quelques mois " d’après les prévisions de l’ONU.
Actuellement, le pays disposerait selon le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen, de moins de la moitié des 1.3 milliard d’euros nécessaires afin de surmonter la crise de ce "phénomène violent". En attendant, en réponse à la sécheresse et à la famine, plus de 80.000 Éthiopiens ont traversé le golfe d’Aden afin de fuir au Yémen en 2015, toujours selon l’ONU. Un scénario ravivant les sombres souvenirs des crises de famine de 1984 et 1985.
En 1984, l’Éthiopie fut victime de deux famines sévissant simultanément. La première ayant affecté le sud-est du pays était liée à l'offensive menée par le Derg contre le Front de libération Oromo. Quant à la seconde, elle était centrée sur les anciennes provinces du Tigré et du nord Wollo, qui se sont ensuite étendues dans diverses provinces. Au mois d’octobre de la même année, le pays manquait d'environ 535.000 tonnes de céréales pour nourrir la population et 1.2 million de tonnes le mois suivant. En réaction, le gouvernement en place instaura une politique de déplacements forcés, déracinant ainsi 600.000 personnes du nord pour le sud. Touchés par la crise, des organisations humanitaires ainsi que des artistes ont contribué au sauvetage des Éthiopiens. Aussi, de nombreux pays tels que la France, la Pologne, le Canada, l'Union soviétique et les États-Unis ont participé à l’opération "parachute de nourritures" afin de ne pas ajouter d’autres chiffres aux millions de morts enregistrés.