Cette exposition de dessins réalisés par Wil de Bie, artiste hollandais, est l'œuvre d'une vie. C'est celle de celui qui tomba un jour sous le charme des paysages de l'Albigeois. Depuis cette révélation et à chacun de ses séjours réguliers dans la région, il fixa sur de grandes feuilles les vues les plus marquantes qui ont touché son œil d'artiste. Traités avec une sobriété graphique qui leur donne toute leur élégance, cette manière de constituer
Wil de Bie, " un certain regard "
De nombreux artistes du Nord ont succombé à l'héliotropisme, envoutés par la lumière, les couleurs et la douceur du vent.
Lorsque Wil de Bie quitte la Hollande avec sa famille et découvre, après un long périple, Gaillac, il sent que c'est là qu'il doit s'arrêter. Dès lors, ses dessins traduisent des coups de coeur pour les paysages vallonnés, les coteaux où règne la vigne, les hameaux blottis au creux des combes, les églises et les cimetières ruraux livrés à la mélancolie. Peu de présence humaine comme si l'intemporalité était de mise pour affronter l'éternité. La délicatesse inspirée du trait met en scène la force médiévale de la rue de La Portanelle qui laisse orpheline la rue Arnaud, le boulevard Gambetta s'épuise devant le parc de Foucaud qui s'impose avec
Wil de Bie sait élargir son horizon. Cordes, Les Cabannes, Castelnau-de-Montmiral... retrouvent vie et pittoresque. Le dessin n'est jamais véritablement statique, les lignes amples ou resserrées s'emparent de l'espace pour donner forme et mouvement. On devine l'impétuosité du vent dans ces arbres ployés sous la bourrasque. Les églises solidement ancrées dans leur habit de pierre inspirent le respect.L'univers de Wil de Bie est à l'évidence animé. La sobriété du style n'enferme jamais la matière, elle participe à un élan créateur.
Wil de Bie aime Gaillac et la région qu'il s'approprie avec tendresse, son oeuvre en témoigne.
Nous tenons à le remercier encore pour sa générosité à l'égard du musée des Beaux- Arts, témoignage de son attachement à la ville qui a su le retenir dans son itinérance et dont il a fixé des images originales.
Alain Soriano
Musée des Beaux-Arts de Gaillac, avenue Dom Vayssette 81600 GAILLAC. Tél. : 05 63 57 18 25