Les Editos Bachiques de Jean Lapoujade, scribe de Tradition du Vin
Tradition du Vin fait son Opéra bachique (mars 2015)
Au cœur du 16e arrondissement de la capitale, le quartier Alma-Marceau n’est pas des plus guillerets. Nonobstant un pilier spécialisé dans la rillette-princesse de Galles, nous ne trouvons, dans ce coin de Paname, que de grandes avenues haussmanniennes qui égrènent leurs immeubles cossus mains pour une population ethniquement feutrée, souvent aquagazéophile ou oenologiquement grand-crurative. Pour saupoudrer le tout et sustenter ces gars tristes épargnés de la gastrite, quelques restaurants guindés, aussi conviviaux qu’un club de tricot animé par Vladimir Poutine, alternent avec des brasseries sans âmes à la pitance élaborée sous un vide sidéral. C’est peu dire que le zinc, conducteur de chaleur humaine, y fit longtemps figure d’Arlésienne.
Paradoxe lyrico-œnologique, c’’est rue Georges Bizet, un peu en retrait de l’avenue Marceau, que les Sages de Tradition du Vin ont déniché le meilleur Bistrot à Vin de l’année. Sis, au Six, le Bizetro n’est pas un établissement d’opérette : dans cet univers jovial de colons aphones, il pose une touche d’enfant de Bohème qui n’a jamais, jamais connu de loi diététique. Son propriétaire, Pierre Parola, nouveau ténor de la Bouteille d’Or (parola parola parola), fait chanter « ôter l’eau » à ces verres, derrière un comptoir qui met en scène la typologie allegretto du terroir viticole français. Ici pas de miroirs à luette, mais des chœurs enchanteurs où nous retrouvons crus du beaujolais, vins de Loire, côtes de Blaye, côtes-du-rhône... Mais Pierre sait aussi s’accorder de petites fugues et faire déguster a cappella un « côte de ventoux » blanc ou rouge.