Aujourd’hui, j’ai 65 ans. Chaque anniversaire marque un trait sur le calendrier. Celui-ci a quelque chose de particulier. Comme s’il était tracé au crayon gras, ou surligné de jaune. «Attention, le temps fuit!»
Quand j’étais plus jeune, 65 ans, c’était vieux. C’est parce que j’étais jeune. Mais aussi parce que c’était un peu plus vieux que maintenant. Les gens se croyaient vieux, se disaient vieux. L’espérance de vie ne les contredisait pas. Le corps grinçait. Mais l’esprit surtout, à cause de cette petite voix qui leur serinait peut-être qu’il était trop tard. Trop tard pour les rêves irréalisés.
Aujourd’hui, à 65 ans, j’ai l’air plus jeune que maman au même âge. J’ai eu moins d’enfant qu’elle. De meilleurs soins. Mon corps est moins marqué. Mais je crois que je suis surtout plus jeune dans ma tête, en début d’une carrière d’écrivain que j’espère longue et fructueuse. Avec, si je n’ai pas de malchance, de longues années de lucidité devant moi pour réaliser mes multiples projets.
Voilà comment j’accueille le chèque de pension de la sécurité de la vieillesse. Elle me rattrapera bien un jour, la vieillesse, mais quand? Et qu’importe, si je me sens encore vivante malgré l’inévitable ralentissement du corps!