Il s'agit d'un film chouchou des Oscars de 2008 mettant en vedette l'excellente Cate Blanchett et le tout aussi parfait Brad Pitt. Le film de David Fincher avait récolté 13 nominations et aurait dû gagner l'Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisation, mais on lui avait préféré Slumdog Millionnaire et Danny Boyle cette année-là.
Le film avait tout de même gagné trois fois: dans la direction artistique, le maquillage et les effets spéciaux, qui, lorsque mis au service d'une bonne histoire, sont toujours formidables.
C'était quoi donc, l'histoire?
Dans la nouvelle de F.Scott Fitzgerald, publiée d'abord dans le magazine Collier's, le 27 mai 1922, duquel le film est très librement adapté, on raconte l'histoire de Benjamin Button, né à Baltimore en 1860, bébé né avec la morphologie d'un vieil homme de 70 ans, déjà en mesure de s'exprimer dès sa naissance. Il est vite retiré de la garderie quand il s'endort dans les activités des enfants. À 12 ans, ses parents se doivent de comprendre que leur fils vieillit à rebours. C'est-à-dire qu'au lieu de naître jeune et de prendre une année chaque 12 mois, il est né vieux et perd une année chaque 12 mois. Ainsi quand il atteint ses 18 ans, il tente bien d'entrer au Yale college, mais celle-ci le rejette, pensant qu'il s'agit d'un égaré de 50 ans, désillusionné et confus.
Son père lui lègue alors l'entreprise familiale, où il y fait la rencontre de l'amour en Hildegarde. Celle-ci croit que Benjamin est le frère du propriétaire (le père de Button) et l'épouse, ayant toujours été plus attirée par les figures paternelles et les hommes d'âge mûrs. Elle ne sait rien de sa condition, mais avec les années, elle vieillit, et il rajeunit, ce qui la trouble. Il rajeunit tant que lorsque la guerre civile éclate en Espagne en 1898, son corps est tout à fait en âge de combattre et il s'y rend comme soldat. Il y connaît beaucoup de succès et sera promu lieutenant colonel.
En 1910, alors qu'il devrait avoir 50 ans, il a le corps d'un jeune homme de 20 ans. Il donne sa compagnie à son fils et se faufile comme étudiant à Harvard où il y jouera au football et prendra sa revanche sur ceux qui l'avait rejeté, Yale.
Toutefois, alors que son corps a l'apparence de 16 ans, il n'arrive plus à suivre ni en sports, ni académiquement.
Il s'éteint, bébé.
Ce que Fitz nous disait en 1922, c'est que l'âge n'était pas simplement un chiffre. Quand Button naît, il le fait non seulement avec les traits d'un vieil homme,mais aussi avec ses envies, son énergie et son activité cérébrale. Ses intérêts varient avec la vie qui progresse. Que ça nous plaise ou non, l'âge a une grande part de crédit dans notre identité. Nous changerons en vieillissant et c'est tout à fait normal.
Je répète: Nous changerons en vieillissant et c'est tout à fait normal.
Moralement et surtout physiquement.
Il nous as raconté ça dans une histoire surnaturelle, nettement en avance sur son époque.
Ce qui rend Button malheureux dans l'histoire de Fitzgerald est de prétendre qu'il a un âge qu'il ne sent pas en lui, toute sa vie. C'est une histoire sur vieillir dignement.
F.Scott Fitzgerald était brillant. Visionnaire, peut-être, sans complètement le réaliser puisque c'est encore très très pertinent de nos jours comme sujet.
Le film à la trame fantastique de Fincher a gardé l'idée du vieillissement à rebours, mais Eric Roth en a changé l'histoire presqu'au complet. On y parle tout de même forcément encore de l'identité. Et de notre mortalité.
Vieillir à l'envers se passe maintenant.
J'ai vu la visage de Sophie Prégent à la une d'un magazine cette semaine.
Photoshop, chirurgie plastique, collagèene, botox, ou tout ça à la fois, elle n'a jamais paru aussi jeune dans sa carrière publique.
Ils sont tellement nombreux comme ça.
Fantastic times.
Frankenstein times.
Parce qu'il y a aussi une large part d'horreur dans tout ça.
Ce serait mon titre pour un portrait social de ma planète en 2016.