Depuis bien des années déjà, Akhénaton a interdit les multiples dieux égyptiens au profit d’un dieu unique, le dieu soleil, Aton. Mais depuis quelques temps les choses ne sont plus si assurées. Depuis que la grande Nefertiti, épouse de Pharaon, s’est retirée sur son île, le pouvoir du Dieu Unique vacille et les prêtres d’Amon guettent la moindre faiblesse pour reprendre le pouvoir. Cela inquiète particulièrement Akhésa, troisième fille du couple royal, et très soucieuse de perpétuer l’oeuvre de son père. Mais elle sait qu’elle n’a aucun espoir de monter sur le trône, ce qui ne l’empêche pas d’essayer de se battre et de s’interroger: qui montera sur le trône d’Egypte quand Akhénaton ne sera plus?
Je suis toujours épatée par la modernité que certains auteurs arrivent à insuffler à des histoires qui ont des milliers d’années. Les guerres de religion qui sous-tendent l’histoire d’Akhésa ont quelque chose d’intemporel qui fait froid dans le dos, qu’il s’agisse de l’autorité avec laquelle Akhénaton a balayé les dieux de l’Egypte antique pour imposer Aton, le dieu soleil unique, ou des complots politiques ourdis par les prêtres d’Amon dans ce qui a tout d’une capitale parallèle. Des scènes de fouilles de maison et de destruction d’idoles ont elles aussi un parfum étonnant de déjà-vu, de véritables traques aux hérétiques au pays de Pharaon.
Pour autant, on ne néglige pas l’univers fascinant de l’Egypte Antique que j’ai toujours eu en grande affection. J’en ai pris plein les yeux tant par les vêtements et les bijoux de la famille royale que par les excursions dans le désert. J’ai vécu avec eux les colossales processions religieuses, et l’attente fiévreuse et mystique de la crue du Nil.
Mais le gros point fort du roman reste sa galerie de personnages. Face à la force et la grâce d’Akhésa, on retrouve le non moins déterminé général Horemheb qui l’admire avec passion pendant toutes ses tentatives de prendre le pouvoir. Ce couple impossible qui s’attire autant qu’il se déteste est tout à fait fascinant. Quant au si jeune et si touchant Toutankhamon, il a peut-être été mon personnage préféré. Désintéressé de la politique, il voue à Akhésa un amour pur qui lui suffirait amplement pour vivre. Le défi pour le soustraire aux mains des prêtres et en faire un successeur digne d’Akhénaton sera d’autant plus grand pour Akhésa.
La note de Mélu:
Passionnant.
Un mot sur l’auteur: Christian Jacq (né en 1947) est un écrivain suisse de langue française également archéologue et égyptologue.