Zoé - alain cadeo

Par Leila Renoux @LeelooR
Zoé,Un échange épistolaire entre un vieux pervers et une jeune boulangère aguicheuse. Voilà en une phrase ce que peut penser le lecteur de mauvaise foi, qui aurait lu la 4ème de couverture et les cinq premières pages…Mais,Et il y a le fameux mais que j’adore.Si vous le lisez cet été sur une plage, même en endurant l’air maussade de votre ado alors que vous brumisez votre petit dernier et que vous surveillez d’un œil celui qui patauge dans l’écume à vos pieds,  je vous garantis, que dès les premières pages la profondeur de Zoé vous sautera aux yeux et vous happera. Je ne l’ai pas lu sur une plage, je l’ai lu tranquillement chez moi et en ai savouré chaque mot, un roman court, mais qu’on prend le temps de déguster.
Henry la soixantaine, vit retiré dans un fortin au bout de dix kilomètres de piste. Tous les deux jours, il se rend au village acheter sa miche de pain.Zoé, 18 ans est la boulangère, elle n’est pas la patronne, juste une vendeuse intérimaire, elle vient de rater son bac.
Henry a l’âge de la Terre, Zoé celui d’une saison
C’est dans la mie de ses fameuses miches que leurs tourments se font écho. Zoé met en place une correspondance épistolaire, dévoilant ses plus profondes préoccupations. Des poésies prosaïques d’Henry dont Zoé ne comprend pas tout, aux angoisses de notre boulangère écorchée vive, Alain Cadéo nous conte leurs histoires, mais nous conte surtout la Vie.  

« Pour moi chaque rencontre importante fut l’objet d’une déflagration silencieuse. Réelles ou rêvées, une minute ou trente ans, les croisements de destins sont la nitroglycérine de nos âmes. Aucun fantasme là-dedans, ou beaucoup plus, de terribles reconnaissances. Ce sont comme de soudains éclairages sur des pans entiers de nous-mêmes, implosions sous-terraines flashant formes, signes, dessins, tout un bestiaire pariétal remis en mouvement après des millénaires de ténèbres. J’ai très vite su que l’espace de la moindre vie ainsi entr’aperçue est colossal. »


A travers cette relation qui lie ce qu’il y a de plus intime au plus profond de chacun, on explore leur mal-être en balayant des sujets aussi touchants les uns que les autres, comme le deuil, la solitude, la naïveté, la féminité mal assumée… Des démons qu’ils essayent de dompter par une exploration grâce à l’écriture, une écriture enfouie au fond de miches mais aussi platonicienne que leur relation.
Un roman comme je les aime, outre l’histoire, c’est un roman aux allures de conte initiatique poético-philosophique qui a su me charmer dès le début et dont la fin m’a décontenancéeDernière petite chose, n’oubliez pas de le mettre dans votre valise !
Edition : Mercure de FranceDate de parution : 05/02/2015151 pages