Georges le père est un cyclothymique, les bons jours avec lui, on pouvait les compter sur les doigts. Du coup on se méfiait. La mère, toujours sur le qui-vive. Prête à pleurer. Un kit du malheur à elle toute seule. Mais Florence avait déjà appris à se blinder, il fallait qu’elle pense à autre chose, elle pensait toujours à autre chose.
A la mort de la mère, Florence a peur de s’effondrer dans la douleur de son père, avec qui elle vient de renouer. Cette douleur lue dans son regard et qu’elle voudrait lui extirper, mais devant laquelle elle est et sera toujours impuissante. Mais ce père n’était-il pas psychorigide, tyrannique, n’a-t-elle pas tenté une fugue à quinze ans pour s’extraire de cette vie qui ne lui convenait pas. Pourquoi tant de souffrance face à un père dont elle ne voulait plus ? Peut-être pourrait-elle chercher un peu de réconfort dans les bras d’un amant, mais lequel ? Elle n’a pas tricoté suffisamment d’intimité avec eux pour une quelconque consolation dans leurs bras…
Florence ne sait pas qui elle aime, qui l’aime si elle s’aime d’ailleurs. Pourrait-elle au moins reconnaître son âge ? Que sa séduction a changé de braquet ? Quand elle se regarde dans un miroir, elle actionne automatiquement Photoshop, comme tant de femmes…
La disparition de la mère a déterré comme par enchantement des sentiments enfouis et la clé de la boite de Pandore, une boîte qui refermait un secret de famille datant de 1943. Ce secret finissait par suinter de toute façon. Un suintement sale et poisseux dont elle voudrait se débarrasser, se laver. Juste pour avoir une impression de propre. De net. « La vérité est un rapace qui déboule dans notre champ de vision et qui kidnappe ce à quoi nous tenons. La vérité possède elle aussi ce fameux goût métallique et anxiogène. Une fois qu’elle nous tombe dessus, nous ne pouvons rien faire pour la mettre à l’écart et l’oublier, elle prend toute la place, nous bouffe tout tel un cancer infiltrant. »
Une plume impétueuse qui nous fait voyager avec vivacité dans le temps, dans les frettes des séditions de la mémoire qui flanche, qui se défile. Cette mémoire qu’on commence par quémander et qu’on finit par enjoindre de se rappeler.Les petites robes noires ont toutes leur petit secret, mais quand on n’en a jamais eu on se demande ce qu’elles ont de plus les filles à la petite robe noire. Je vous laisse le découvrir…
L'auteure:
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