C'était un géant. Un géant débonnaire et gourmand de tout, de l'humour, de la vie, des mots et des signes qui donnent sens ou non à la vie.
photo empruntée ici
Un savant. Un honnête homme. C'est à dire un homme qui connaît plus de choses sur le monde qui nous entoure que le commun des mortels. Mais ce n'était pas pour prouver une supériorité quelconque, c'était par gourmandise. Tout l'intéressait. Les mots, les traditions, la culture, la philosophie, l'observation des médias, la littérature, le plaisir de vivre. Pas Piémontais pour rien, là où s'invente le "Slow food"...
C'était lui, Umberto Eco. Universitaire spécialiste de la science des signes (la sémiotique), il est internationalement connu du grand public par son roman "Le nom de la rose"(1980), écrit pour s'amuser, disait-il, puisque les gens ne lisent pas les essais!
Le Rire, huile sur bois du XVe siècle, anonyme. Emprunté à Wikipedia
Six ans d'écriture quand même! Mais tout était là, tout prêt. Les recherches nécessaires à sa thèse sur St Thomas d'Aquin (1956). L'esthétique du Moyen Age. Il avait tout mis en notes, dressé des listes, détaillé des lieux, fait des croquis. L'espace! Ah! L'espace! C'était très important pour lui de comprendre l'espace, les lieux où se meuvent les hommes, ses personnages! Il ne restait qu'à puiser dans l'immense puits de ses connaissances...
Son grand-père, enfant trouvé dont le nom Eco, est l'acrostiche de l'expression latine ex coelis oblatus, "don de Dieu" lui lègue probablement son insatiable curiosité et sagacité à interroger le mystère des signes. La disparition de son petit-fils, au beau milieu du labyrinthe de notre univers devenu impossible à déchiffrer, nous laisse démunis, sincèrement tristes et totalement orphelins.