Je crois que la dernière fois que le gouvernement s’est prononcé sur le rôle moteur du tourisme dans l’économie nationale date du 19 septembre 2014. C’était lors du seul et unique Conseil Stratégique du tourisme qui s’est tenu sous l’actuel gouvernement, à la veille des 11emes Assises du Tourisme, les seules aussi qui se sont tenues depuis la signature du CPN Vision 2020.
Je me rappelle, que tous les ministres présents à ce CST et dont les départements sont signataires du CPN Vision 2020, ont tenu à déclarer que le tourisme est et reste leur priorité. A quelques mois de la fin de cette mandature, je me permets de douter qu’effectivement ce secteur soit considéré comme tel.
Nous venons de clôturer une année dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle a été mauvaise en terme d’arrivées, de nuitées, de durées de séjour, de taux d’occupation et de recettes. Tous les indicateurs sont au rouge, sauf le tourisme interne qui lui continue de croitre et cela est plutôt une bonne nouvelle.
Pourtant, mis a part l’étalement des vacances scolaires sur trois zones, aucune des mesures proposées en mai 2012 pour booster ce segment n’a été prise en compte, notamment le cheque vacances sensé redonner du pouvoir d’achat pour consommer un produit national dédié. J’ai bien peur que cette mesure ne soit mise aux oubliettes.
En cette période pré électorale, il paraît opportun que les partis politiques soient à la recherche de projets et surtout de causes à défendre pour donner de la crédibilité à leurs discours. Je continue à croire que le tourisme est toujours à même de créer de la valeur, des emplois et de la richesse. Quand on est comme nous, dépendant de la pluviométrie, avec une pseudo industrie et des services, souvent délocalisés, on ne peut faire l’impasse sur un secteur qui est capable d’équilibrer la balance commerciale du Royaume.
Il est vrai que ce secteur traverse une période de turbulences, une conjoncture internationale perturbée, mais ce n’est pas pour autant qu’il doit être délaissé, surtout après tous les investissements qui ont été fait que ce soit par le secteur public ou par le secteur privé. Un retour sur investissement s’impose et ce n’est pas en pratiquant la politique de l’autruche et en attendant qu’une main invisible vienne remettre de l’ordre, que nous sortirons de l’ornière.
Aucun parti de la majorité actuelle, ni de l’opposition, ne semble s’intéresser à la crise du tourisme, et si j’avais eu un peu d’espoir avec la régionalisation avancée et son nouveau mode de gouvernance (ses maires et présidents de régions soucieux du bien être de leurs administrés), cet espoir est en train de s’étioler pour laisser place à un sentiment de frustration et d’incompréhension.
J’ai cru un moment, qu’un groupe de conseillers d’un parti de l’opposition s’intéressait au tourisme et qu’il était sur le point de faire une proposition de loi concernant les agences de voyages. Il m’a semblé que mon dernier post concernant l’avenir de ces agences avait retenu son attention et qu’il allait enfin dépoussiérer une loi vieille de 20 ans pour en faire un outil de développement du tourisme national et de son « ventre mou » qu’est la distribution du voyage.
Or ce projet est loin de servir la cause des agences de voyages, il les stigmatise encore plus, face à des consommateurs nationaux qui ne voient déjà en elles que des intermédiaires sans aucune valeur ajoutée.
Ce projet sonne le glas d’une profession en quête de reconnaissance pour services rendus que ce soit dans le tourisme réceptif (création de produits, promotion de la destination, emplois de jeunes, rapatriement de devises et MICE) que dans le tourisme national (organisation de voyages à l’étranger, tourisme interne, hadj et Omra).
Ce projet ne fait aucune allusion au tourisme, ni à son développement, ni à son rôle qui est de rapprocher les peuples, de vivre une expérience et de raconter une histoire. Le voyage n’est pas uniquement contractuel, il est aussi un moyen de découverte et d’ouverture vers les autres.
Ce projet est réducteur et dénote d’une expérience mal vécue de ses initiateurs qui sous prétexte de défendre les consommateurs vont chercher « la petite bête » aux agences agrées et ouvrir grand les portes à l’informel qui lui se fout de toutes les lois.
A aucun moment, les initiateurs du projet ne se sont rapprochés des opérateurs pour comprendre ce métier, son histoire et ses objectifs. J’ai l’impression que nos politiciens, toutes tendances confondues, n’ont rien compris aux enjeux du Tourisme et c’est bien dommage !