Après le cas de Milagro Sala, dans la
Province de Jujuy, la dirigeante du mouvement Tupac Amaru dont certaines malversations ont été percées à
jour par la Cour des Comptes argentine, c'est sur l'administration de
Cristina Kirchner qu'apparaissent des faits concrets qui constituent
les premières preuves de l'existence de détournements des deniers publics.
Comme j'ai eu à plusieurs reprises
l'occasion de le dire ici, pendant toute la durée du gouvernement
des Kirchner, mari et femme, les accusations de corruption fusaient
de toutes parts dans le discours des citoyens lambda (dans
l'opposition bien entendu). Idem dans la presse. Mais les preuves,
les faits concrets n'apparaissaient jamais. Je conservais donc dans
un coin de ma mémoire le souvenir de tout ce qu'on me disait mais
sans jamais m'en faire l'écho dans ce blog.
Ce matin, Clarín publie des documents
très peu ambigus à ce sujet : un système de surfacturation
appliqué aux voyages officiels à l'étranger, effectués par la
Présidente et ses différentes suites, où l'on voit très
clairement que les factures émises par les hôtels ont été
transmises à la comptabilité de la Casa Rosada sous forme de copies
trafiquées. Présentées comme justificatif de frais à rembourser,
elles font apparaître des montants beaucoup plus élevés que ceux
réellement acquittés à l'hôtel.
Cela n'implique pas que l'argent versé
en trop par le trésor public soit allé dans la poche de la
Présidente. Rien ne dit non plus qu'elle soit à l'initiative de
cette fraude, mais celle-ci est réalisée à partir des
justificatifs concernant ses propres déplacements (1). Sa
responsabilité est engagée au niveau du contrôle, a priori ou a
posteriori, qu'elle aurait dû exercer au moins une fois l'an,
puisque l'existence de la corruption en Argentine ne sont un secret
pour personne. Si elle avait voulu un Etat aussi propre qu'elle l'a
toujours prétendu, exercer son contrôle était la moindre des
précautions à prendre, et même un peu plus que celles que la
Justice française reproche à Sarkozy ne pas avoir prises lors de sa
campagne électorale, eu égard au fait que les procédures de
financement des partis politiques sont plus encadrées en France
qu'en Argentine et que l'existence de malversations dans ce domaine
est un tout petit peu moins en vue.
L'extrémité de la pelote aurait été
tendue aux membres du nouveau gouvernement par des salariés de la
Casa Rosada qui ont travaillé sous la présidence de Cristina
Kirchner, qui ont été les témoins scandalisés de ces procédés
irréguliers et se sont empressés de les dénoncer aux nouveaux
venus dès leur entrée dans les lieux. Et les auditeurs n'ont eu
qu'à aller chercher à l'endroit qu'on leur indiquait pour
commencer. Le reste devrait suivre peu à peu.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín, qui produit
quelques unes des factures et justificatifs incriminés et identifié
par les auditeurs missionnés par l'actuel Gouvernement, qui ne
semble donc pas faire les choses à moitié (ce zèle est interprété
comme une soif de vengeance de la part de la nouvelle majorité par
Página/12 et les fidèles de Cristina).
(1) Qui plus est, ces factures font
apparaître des frais de téléphonie. La suite présidentielle
passait donc ses coups de fil, dans le cadre de sa mission puisqu'ils
font l'objet d'un remboursement, depuis les téléphones d'un hôtel, au lieu d'utiliser des équipements chiffrés et protégés, y
compris Skype, qui est gratuit, ou les téléphones de l'Ambassade, qui devraient être protégés !