Arrivé au terme de ma vie de pécheur, tandis que chenu, vieilli comme le monde, dans l'attente de me perdre en l'abîme sans fond de la divinité silencieuse et déserte, participant de la lumičre immuable des intelligences angéliques, désormais retenu par mon corps lourd et malade dans cette cellule de mon cher monastčre de Melk, je m'appręte ŕ laisser sur ce vélin témoignage des événements admirables et terribles auxquels dans ma jeunesse il me fut donné d'assister, en répétant verbatim tout ce que je vis et entendis, sans me hasarder ŕ en tirer un dessein, comme pour laisser ŕ ceux qui viendront (si l'Antéchrist ne les devance) des signes de signes, afin que sur eux s'exerce la pričre du déchiffrement..."
C'est par ces belles phrases, emplies d'une vérité intemporelle encore valable aujourd'hui, que s'ouvre le roman d'un jeune universitaire italien, ayant fait sa thčse sur saint Thomas d'Aquin et spécialisé dans la scolastique médiévale. Le Nom de la Rose, d'Umberto Eco, connaîtra un succčs planétaire et Jean-Jacques Annaud en tirera un film superbe, grâce ŕ la complicité de l'acteur Sean Connery.
Il nous a quittés cette nuit et n'éclairera plus notre monde, qui en a pourtant bien besoin, des lueurs de son intelligence, de sa soif de connaissance et de son appétit d'existence.
Merci ŕ lui pour ce qu'il nous a apporté et n'hésitez pas ŕ vous replonger dans son oeuvre prolifique, d'oů l'on peut extraire les romans les plus connus :
- Le Pendule de Foucault
- L'Ile du jour d'avant
- Le cimetičre de Prague
oů s'entrechoque tout ce qui avait fait l'objet de sa curiosité : sémiotique, esthétique médiévale, linguistique, philosophie...
"Stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus."