Le Tchad est en émoi suite à l'agression sexuelle d'une adolescente de seize ans par un groupe de jeunes " apparatchiks ". On enregistre un mort du côté des manifestants...
Loin de revenir sur le déroulé des événements qui ont fait la une de nombreux médias, il incombe d'analyser un tant soit peu le drame et toute la flambée de colère qu'il suscite.
À première vue, l'on est tenté de s'interroger sur la nature véritable de l'agression. Quel en est le mobile réel ? Un mauvais débordement dû à une folle poussée d'instinct grégaire ? Un règlement de compte ?
Quand on sait la fonction du père de Zouhoura, il est le Président du Mouvement Démocratique Africain, on penche tout de suite pour la seconde hypothèse, à savoir le règlement de comptes. Quand des fils de généraux de l'armée tchadienne s'en prennent à la fille d'un opposant tchadien, il est impérieux d'aller au-delà de la simple rixe entre ados pour tenter de percevoir un autre mobile inavoué.
Une méthode punitive d'enlèvement et de torture qui rappelle certaines époques médiévales ou des environnements de conflits armés, lorsque des groupes rivaux décident d'infliger une leçon à une autre faction belligérante.
Il ne faut pas oublier que le viol est une arme de guerre utilisé surtout en période conflictuelle pour casser le moral de l'adversaire. Faire enlever une jeune fille et la faire abuser par une huitaine d'ados rappelle un fameux " give her a cloak " en vigueur autrefois chez des soldats conquérants dans une cité... Ciblée ou choisie à tout hasard, une femme étendue sur un manteau était violée à tour de rôle par une cohorte de soldats sous le coup d'une forte poussée d'adrénaline.
Quand on sait que le Tchad est un environnement fortement conservateur où les questions liées à l'honneur sont assez délicates, on s'interroge vraiment. Ainsi la sœur aînée de la victime dénie le viol et accepte la torture, pourvu que l'honneur de Zouhoura soit sauf.
De l'indignation du peuple tchadien.Elle paraît tout à fait légitime vu le caractère crapuleux de l'acte. La dignité de l'être humain est sacrée. Certains actes constituent de fâcheux préalables. Toutefois, il faudrait savoir raison garder et éviter toute escalade propice au désordre et au chaos.
La position stratégique du Tchad dans la lutte contre le terrorisme commande un certain dépassement. N'djamena a déjà fait les frais d'un terrorisme aveugle. Fragiliser les institutions républicaines pourrait s'avérer chaotique et ouvrir la voie à l'irréparable. Auquel cas, ce serait toute la CEMAC et une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest qui se retrouverait dans un bourbier.
Alors JUSTICE pour Zouhoura, dans le respect de l'ordre républicain !
Félicité Annick FOUNGBÉ ZIMO épse DE SOUZA