Te voici donc monsieur emporté sous nos yeux
Par l'armée des ombres en un éclair qui s'enflamme
Et passe sur la scène de ton théâtre
Sans fenêtres ni portes Ô terre l'orchestre
Des oiseaux soudain s'est tu d'où vient-il ce vent
Entré dans ta bouche comme un poing et ton corps
Et la proie sans fin des chiens de l'infernal
Océan des ténèbres les vagues font le
Bruit d'un livre qu'on feuillette et nous racontent
L'histoire du ciel amoureux de la terre
Ah j'ai vu une ombre qui portait sur sa bosse
Un homme comme un fagot de bois et le feu
A l'odeur du sang lorsqu'il déchire les arbres
Qui ne demandaient qu'à fleurir une fois encore
Faut-il qu'il m'en souvienne des temps heureux nous
Nous croyions immortels et comme persée armés
Du bouclier de la jeunesse nous pouvions
Trancher la tête de méduse en chantant un
Air d'opéra
C'était dans les îles là-bas où l'on regarde
La lune dans un miroir comme une lettre
Cryptée pour en déchiffrer l'énigme appelle
T-on cela une vie et sur le sable la
Mer efface le dessin d'un rêve aussi
Tôt que tracé c'était dans l'envers du monde et
La lune sous le bras tu marchais au milieu
Des dieux en exil à pâques il n'y aura pas
De résurrection
Comment en pleine course encore cet effréné
Désir de vivre désormais rendu à la
Nuit immobile et lourde ah je n'accuserai
Ni les dieux ni les hommes je n'ai rien à dire
Que les larmes et sur la tête du dormeur l'ogre
A posé sa patte griffue comme un rêve d'éternité
Nul n'échappe à la froide nécessité
Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés
Ombres ombres aimées que me voulez-vous
Je marche parmi les ruines et je cherche encore
Au ciel la lumière dans la nuit une poche
Vide.
Pourtant
Mélisande a perdu sa bague dans l'eau d'une
Fontaine avant de mourir comme aragon
J'ai les yeux brûlés
Ah maintenant que les acteurs sont partis les
Musiciens à leur tour rentrent dans la coulisse
Le rideau de scène tiré les spectateurs
Se lèvent dans le plus grand désordre la salle
Tinte comme un sac d'osselets tu salues le
Peuple des ombres
Ami
Tout
En moi
Étrangement
S'éteint et
Attend
Tamara Ô Tamara
Les anges ont replié leurs ailes sur le tom
Beau de l'amour
[...]
Jean Ristat