Ainsi rit erdogan !

Publié le 18 février 2016 par Delanopolis
Christiane Chavane fait tourner les derviches ! La situation au Moyen-Orient est de plus en plus embrouillée, et la Syrie est un sac de nœuds.

Essayons de comprendre ce qui se passe, avec les informations parcellaires et pas toujours de bonne foi (euphémisme) que nous avons via nos médias.

Voyons déjà ces sources : d’un côté Radio-Moscou via la chaîne Sputnik, de l’autre Monsieur OSDH, un Syrien réfugié à Londres avec un téléphone portable qui a quelques correspondants dans les rangs des anti-Bachar. Correspondants dont la fiabilité reste à démontrer, car les anti-Bachar sont loin d’être unis. Les grandes agences de presse européennes ne connaissent que lui, Moscou a ses propres sources et nous donne sa version. Aller chercher la vérité là-dedans, c’est mission impossible. Tout au plus pouvons-nous nous en tenir aux faits avérés, et essayer de déduire des conclusions logiques.

Les protagonistes :

D’un côté la coalition occidentale :

- Uncle Obama, en fin de mandat, a un peu le cul entre deux chaises. Quand on s’allie avec le diable des Saouds et le démon d’Ankara, il ne faut pas s’attendre à un chemin pavé de roses, ou plutôt si, sans les pétales mais avec les épines. Ses conseillers appartenant à la même mouvance des Frères Musulmans que Herr Dogan, et que les pires Wahabbites d’Arabie ne sont pas non plus très fiables. Par ailleurs au début de son premier mandat le sieur Obama a réformé la CIA en y installant un « copain » à la mode socialiste, et le résultat est à la hauteur de ses espérances : ils ont perdu du temps et de l´énergie à fliquer leurs alliés mais ne se sont pas aperçus que le grand méchant ursidé slave n’était plus en état d’hibernation. Fomenter des coups d’état comme ils l’ont fait en Ukraine, retirer au plus mauvais moment les troupes stationnées en Irak, se lancer dans des guerres injustifiées pour exporter une démocratie occidentale dans des pays qui n’y comprennent rien et fonctionnent selon les rapports de force entre tribus (Lybie), c’est déjà prodigieusement stupide. Mais ne pas remarquer que l’armée rouge avait repris du poil de la bête, c’est une faute impardonnable, puisque la Russie est l’ennemi héréditaire des USA.

- Hollande ne compte pas : c’est Rantanplan qui remue la queue devant Obama en espérant un su-sucre. Quand Kerry grogne, Rantanplan se cache derrière lui et fait « ouaf ».

- Merkel suit les Américains par opportunisme et profite du bordel ambiant pour se positionner en maîtresse absolue de l’Europe. Aller négocier en notre nom avec le Grand Turc était inconcevable : pourtant elle l’a fait et personne n’a protesté.

- La Turquie, membre de l’OTAN (hélas), avec à sa tête un monstre de la pire espèce, qui n’avait plus aucun soutien populaire et s’est quand même débrouillé pour se faire largement réélire ! La Turquie fait assassiner les Kurdes de Turquie, et maintenant les tue directement en Syrie en lançant des obus à l’abri derrière sa frontière. La Turquie achète le pétrole de Daesch, envoie en échange des armes et des munitions sous couvert de convois humanitaires, fait entrer des migrants et monnaye avec l’Europe le fait de ne pas nous les envoyer… ou pas trop. Mais les zodiacs remplis de faux réfugiés continuent de débarquer dans les îles grecques.

- L’Arabie Saoudite et le Qatar, salafistes convaincus, financiers de Al-Qaida et probablement de EI jusqu’à ce qu’ils sentent qu’il y avait péril pour leur petite couronne, faux culs de première catégorie, ne font pas partie de l’OTAN mais font partie de l’alliance USA-Turquie et compagnie dont le seul but est de tuer Bachar el Assad et de le remplacer par une potiche aux mains des Frères Musulmans.

- Le but de tous ces gens de l’Alliance: dépecer la Syrie et se partager les morceaux, et le gaz et le pétrole. Au passage éliminer les minorités désagréables : chrétiens, chiites, alaouites, yazidis, kurdes etc… Rester entre sunnites et pratiquer allègrement la charia entre soi. Que les USA et l’Europe trempent dans ce complot immonde est plus qu’inquiétant. D’autant plus qu’une fois un califat sunnite installé en Syrie, les protagonistes de cette histoire nous feront payer très cher leur pétrole et continueront joyeusement à fomenter des attentats chez nous pour y installer durablement l’islam, puisque c’est leur but ultime.

Et l’ONU dans tout ça ? Qu’attendre d’une organisation qui a refilé la présidence des « droits de l’homme » à l’Arabie Saoudite ?

De l’autre côté et sur le terrain :

D’abord les forces gouvernementales syriennes. Bachar el Assad est un très sale type. Tout le monde est d’accord là-dessus. Il a fait des choses pas belles et a du sang sur les mains. Mais c’est le président élu et son armée, sauf ceux qui ont déjà déserté pour aller rejoindre soit les rebelles soit EI, lui est fidèle. Par ailleurs il n’est pas certain que s’il se représentait il ne serait pas largement réélu, car il était tout de même le garant d’une certaine stabilité dans le pays, et l’on préfère en général vivre en paix, même dans un système totalitaire, que ramasser des bombes sur la tête ou se faire éparpiller en petits morceaux en faisant son marché parce qu’un abruti a décidé de se suicider en public et pas tout seul. Sous Bachar, les minorités religieuses ne se faisaient pas décapiter ou crucifier et ne servaient pas d’esclaves aux autres. Bachar est alaouite, ce qui est si j’ai bien compris (mais ce n’est jamais simple) une forme laïcisée de la version chiite de l’islam. Mais la plupart des gens qui formaient son gouvernement étaient sunnites.

Ses alliés : le Hezbollah libanais, chiite et proche de l’Iran, et l’Iran, qui ont envoyé des troupes, et bien sûr le plus méchant de tous, la teigne de service, l’affreux Poutine. Il est bien évident que si ce dernier cherche à éliminer les salafistes et remettre Bachar à la tête de l’état au moins provisoirement, ce n’est pas pour les beaux yeux de ce dernier. Poutine a de gros intérêts en Syrie, un gazoduc, un port militaire à Tartous, entre autres, et tient à les préserver. C’est son pied-à-terre en Méditerranée. Il n’a aucune envie de voir la Syrie se faire découper en morceaux au profit des Saoudiens, des Turcs et des Américains, déjà bien présents grâce aux bases de l’OTAN. Par ailleurs la gangrène islamiste se propage en Russie et dans les états satellites, et il veut l’éradiquer. Il sait à quel point les Frères Musulmans sont une nébuleuse dangereuse et bien financée et n’a aucune envie de les voir s’installer durablement en Syrie, en Irak, et ailleurs, plus près de ses frontières, voire en Ossétie du Sud où ils font déjà assez de ravages. Il ne faut pas oublier non plus que la Russie n’est pas l’URSS, qu’elle a renoué avec l’église orthodoxe, et que celle-ci verrait d’un mauvais œil qu’on laisse trucider sans rien faire les chrétiens d’orient. Ce que d’ailleurs fait l’occident avec cynisme, préférant caresser les barbus dans le sens du poil au nom du « padamalgam » ou « les pétrodollars n’ont pas d’odeur ».

Les Kurdes syriens : ne sont pas officiellement alliés de Bachar et de Poutine mais se battent de leur côté avec détermination contre l’EI. Bachar ne fait pas la guerre aux Kurdes.

En face :

Les anti-Bachar : outre EI ou son acronyme Daesch dont tout le monde connaît la malfaisance, les anti-Bachar représentent des groupuscules aussi divers que variés dans lesquels on trouve des salafistes de la pire espèce comme Al-Nosra (branche syrienne de Al-Qaïda), l’Armée Syrienne Libre, tout aussi islamistes que les premiers et qui ont autant voire plus de sang sur les mains que Bachar, et quelques opposants au régime. Bien entendu ces opposants sont mélangés et les plus démocrates ne sont pas les mieux armés ni ceux qui ont les moyens de se faire entendre. Même s’ils voulaient reprendre langue avec Bachar, ils sont pris en otage au milieu des bombes. Il est tout de même significatif que Poutine ait demandé plusieurs fois aux USA de lui indiquer avec quels rebelles on pouvait discuter et lesquels il ne fallait pas bombarder, et qu’il n’ait jamais reçu de réponse. La réalité, c’est qu’ils n’ont pas de représentant. Il est plus inquiétant de savoir que les USA arment Al-Qaïda, à croire qu’ils ont oublié le 11 septembre.

Se souvenir que dans cette histoire il n’y a pas de bons et de méchants, il n’y a que des méchants et des encore pires.

LES DERNIERS REBONDISSEMENTS

Après que la Turquie ait abattu EN SYRIE un avion Russe qui était passé 17 secondes au-dessus de son territoire et ait achevé le pilote sautant en parachute au mépris de toutes les règles internationales (ce qui lui a valu quelques sanctions unilatérales de la part du grand vilain méchant Poutine, ennemi nº 1 de l’occident islamophilisé et pétrodollarâtre), l’affreux maître du Kremlin a fait installer des missiles SS-300 le long de la frontière syrienne et en Iran.

Récemment, un accord a été passé pour que des avions de reconnaissance russe puissent faire des observations tranquillement pendant 5 jours. Herr Dogan a rompu brutalement l’accord alors que la Russie avait repéré des mouvements suspects. Par ailleurs des avions Saoudiens sont venus se poser sur des bases turques.

Les Qatari, les USA, les Saoudiens et les Turcs pressent Poutine de négocier un accord de paix mais ne veut ni de l’Iran, ni de Bachar, ni des Kurdes dans les discussions, par contre ils veulent bien des rebelles syriens islamistes. La question qui se pose est de quel droit les Saoudiens, les Qatari et les Turcs ont-ils leur mot à dire sur l’avenir de la Syrie qui est un pays souverain et qui a, jusqu’ici, un gouvernement élu ? Et a fortiori, de quel droit écartent-ils ce dirigeant élu des négociations ?

Entre temps les troupes syriennes avancent et sont en train de reprendre Alep. Sur l’autre front près de la frontière turque les Kurdes irakiens et syriens sont en train de se battre férocement contre EI et de faire leur jonction. Voilà pourquoi Ankara a peur : si les Kurdes lui coupent ses accès en Syrie il ne pourra plus faire de trafic, envoyer des combattants et des armes aux rebelles et à EI en particulier. Pour Herr Dogan, avoir un état Kurde à sa porte est un cauchemar.

Donc Herr Dogan a pris les devants : depuis son territoire il fait mitrailler et bombarder les Kurdes de Syrie à coup d’obus. Au passage il envoie aussi quelques missiles sur Alep en visant non pas les rebelles mais l’armée régulière et les Russes. Poutine menace ouvertement et envoie des troupes supplémentaires en Syrie. Medvenev parle même carrément de bombe atomique. Il ne parle pas à l’attention des Turcs, mais bien de leurs alliés saoudiens et surtout c’est un avertissement aux USA : vous laissez faire les Turcs, vous êtes en train de déclencher une 3e guerre mondiale, est-ce bien cela que vous voulez ? On ne saurait être plus clair.

Du coup Kerry est obligé de se désolidariser de la Turquie. Il aboie, Hollande aussi. Mais c’est insuffisant. L’UE, qui par la voie de Merkel, a promis des milliards aux Turcs, pourrait et devrait geler cette promesse. La Kaizerin en est-elle capable ? Laissera-t-on les Turcs massacrer le peuple kurde comme ils l’ont fait avec les Arméniens ? Sommes-nous devenus lâches à ce point ?

Maintenant et alors que la Russie demande une résolution de l’ONU contre la Turquie, qu’ils n’obtiendront pas (je suis prête à le parier), Ankara veut, sans le moindre mandat, sans la moindre légitimité, que les USA et les alliés occidentaux fassent front avec lui pour éradiquer les Kurdes et se battre contre le régime de Bachar el Assad. Les USA seront-ils assez FOUS pour le suivre ? Quelle honte ce serait ! Bien entendu ce serait le déclencheur d’une guerre totale avec la Russie. Nous savons qu’Obama en rêve mais que son mandat se termine.

En attendant il ne serait pas inutile de conseiller au petit Hitler du Bosphore de ne pas envoyer de troupes ou d’avions vers la Syrie, parce que ce coup - là personne ne pourra empêcher le grand méchant rancunier de venger son pilote. J’espère que le successeur d’Obama se trouvera un autre allié plus fréquentable que le grand Mamamouchy. Je suis sûre que la Grèce, qui a besoin d’argent, serait ravie d’abriter quelques bases otanesques en lieu et place du candidat au Grand Califat Ottoman.