Dedans ce sont des loups

Par Revesetimagines @Reveset

TITRE : Dedans ce sont des loups
AUTEUR : Stéphane JOLIBERT
EDITIONS : Editions du Masque

Résumé

Aux confins du Grand Nord, dans un paysage de glace et de neige, une bourgade survit autour de l’activité du Terminus : hôtel, bar et bordel. Nul ne sait à qui appartiennent les lieux mais ici se réfugie la lie de l’humanité et ici s’épanouissent les plus bas instincts.
Dans ce milieu hostile, Nats fait son boulot avec application, jusqu’au jour où débarque un homme au visage familier, et avec lui, une flopée de mauvais souvenirs. Dès lors, tandis que la neige efface le moindre relief du paysage. Tandis que la beauté de Sarah chamboule son quotidien. Tandis que le vieux Tom lui raconte le temps où les loups tenaient les chiens à distance. L’esprit de vengeance tenaille Nats, impérieux, dévorant.

Mon avis

Lors de la Masse Critique Babelio, le titre de cet ouvrage et sa couverture m’avait attiré. Et j’avoue que le résumé a achevé de me convaincre. Certes le genre « thriller » n’est pas mon style de lecture favorite (quoique ce livre n'est pas réellement ce que je qualifierai de thriller) mais le lieu du récit, le mystère qui se dégage du résumé et le terme de loup m’ont irrémédiablement attiré.

Le début de la lecture m’a paru un peu laborieux, non à cause de la plume, mais plus par le fait que l’auteur place ses personnages, leurs passés et leurs présents de façon totalement emmêlée. Mais dès l’instant où j’ai pris mes marques, j’ai pris plaisir à lire cet ouvrage.

Chaque personnage a un rôle bien précis. Chaque personnage a un passé (parfois très lourd) et j’ai compris pourquoi l’auteur a fait ce choix de ne pas dévoiler tout d’un seul coup mais d’y aller par épisode. Et chaque personnage a une « mission ». Le récit tourne autour du Terminus, une bourgade gérée par un patron dont personne ne connaît l’identité, au fin fond du Grand Nord, là où la loi ne s’applique pas. Les corps disparaissent comme neige au soleil !

On découvre Nats et son objectif en venant au fin fond du pays, Sarah qui revient au pays et dont certains souvenirs resurgissent à la surface, Twigs le mécano qui a une trouille d’enfer et un sacré trou de mémoire, Sean la brute sans cœur, Leïla la pute et le vieux Tom que j’ai de suite adopté !

Dans ce roman, il y a deux principales intrigues : qui est le grand patron du Terminus ? Et Nats arrivera-t-il à passer des 90% de son hésitation sur Sean au 100% ? (pour comprendre, il faut lire.) En parallèle, l’auteur a eu la brillante idée d’écrire sous les traits d’un protagoniste inattendu : un loup ! La bête a aussi un passé et un présent qui est un redémarrage tant pour elle que pour les hommes et la Nature. Jamais je n’ai autant pensé à l’adage de l’homme est un loup pour l’homme. D’autant plus avec les comparaisons du fonctionnement de la vie « sociale » du Terminus à celle de la meute de loups : le grand patron étant l’Alpha par exemple… et la violence qui en découle ! Un dernier point concernant les personnages. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'y ai vu aucun héros et aucun méchant : juste des hommes à l'état brut avec leurs bons côtés et leurs vices !

En lisant Dedans ce sont des loups, on sent le travail de l’auteur afin que le récit soit cohérent et que le lecteur ait les réponses à toutes ses questions. Concernant la plume, je n’ai rien à redire, c’est très bien écrit et l’auteur a su se démarquer dans la conception et l’assemblage du récit. Les termes usés peuvent paraître violents, grossiers mais l'auteur s'est imbibé du lieu au point de le décrire avec les mots justes ! 
J’ai vraiment apprécié ma lecture et la fin m’a laissé songeuse. Y aurait-il espoir d’avoir une sorte de suite ?

Extrait :
D’aucuns, disaient connaître celui qui nommait le contremaître, le patron, le grand patron, mais en vérité ces affirmations tenaient davantage d’allégations d’ivrognes et elles ne s’appuyaient sur aucune réalité tangible.
Cependant, ce que tous savaient était que le contremaître recevait ses ordres par un seul canal : le téléphone. Ainsi, le Terminus possédait deux appareils de ce type, l’un placé derrière le comptoir, que le personnel avait à disposition pour passer commande, appeler une famille lorsqu’il en avait encore une, et un autre se trouvant dans la salle attenante. Ce dernier était accroché au mur, sonnait rarement et seulement en trois occasions. La première pour ordonner une extradition ou une mise à mort. La deuxième pour signaler la cessation d’activité de l’une des filles et l’arrivée de sa remplaçante. Et la troisième pour prévenir que le percepteur allait passer tel jour, telle heure. Dans ce dernier cas, un homme encostumé de gris se pointait, jamais le même, au jour et à l’heure dite. Il vérifiait les comptes en compagnie du contremaître et, après avoir prélevé sa part, il entassait les bénéfices dans deux cantines que le personnel chargeait, sanglait sur le plateau d’un pick-up, qui reprenait la route en direction de la ville.

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