Zweig est décidément très bon en biographies. J'ai un souvenir émerveillé de Fouché et cette Marie-Antoinette risque de s'imposer dans mon panthéon personnel. Réellement, c'était à la fois sensible et prenant, documenté et imaginé, porté par la plume magnifique de notre petit chouchou de Zweig.
S'il s'attarde assez peu sur l'enfance de la souveraine et sur les négociacions de Marie Thérèse, c'est pour mieux nous parler de la jeune fille qui arrive à Versailles après bien des bricoles protocolaires. Elle est jeune, charmante et frivole : tout pour enchanter Versailles. Le seul souci, sur lequel Zweig insiste énormément, c'est l'impuissance du petit Louis. Et de cette histoire va naitre tout une analyse psychologique de la souveraine, excitée mais jamais rassasiée... Et cette faim, ce désir, cette excitation des nerfs, elle se retrouve dans les dépenses et les fêtes continues de Marie-Antoinette. Sa maman a beau la sermonner, elle n'en fait qu'à sa tête. Bon, la maternité la calme un peu. Mais c'est avec la Révolution qu'elle va vraiment s'assagir et montrer une phase plus héroïque de son existence alors que Louis XVI reste petit bourgeois.
Il est aussi intéressant de lire le travail d'historien de Zweig, s'appuyant sur des archives pour camper sa biographie, et usant tous les ressorts de la psychologie pour faire ressortir les traits de ses personnages. Certains événements tiennent presque de la farce : l'affaire du collier ou la fuite à Varennes par exemple. Bref, on ne sait plus si l'on est dans un essai ou un roman.
Autre point passionnant à mes yeux, la Révolution. Cette période de l'histoire qui ne m'avait jamais attiré prend des dimensions superbes sous la plume de Zweig ou de Dickens. J'ai aimé voir comment notre autrichien préféré faisait monter la tension, montrait cette machine s'emballant, incapable de s'arrêter. De quoi me donner envie de replonger dans La Révolution de F. Furet !