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Au premier chant du merle de Linda Olsson

Par Karine Simon @karine59630

Le 18 février 2016

Synopsis :

Déception sentimentale ? Lassitude de vivre ? Élisabeth Blom s’est retirée du monde. Sitôt installée dans sa résidence de Stockholm, elle a débranché la sonnette et fermé sa porte à double tour. Porte à laquelle Elias, son voisin, se décide un jour à frapper, pour lui remettre son courrier. Car lui aussi s’appelle Blom… Cet incident sortira-t-il Élisabeth de sa pénombre ? Ou faudra-t-il attendre un drame – et l’intervention inattendue d’Otto, libraire à la retraite – pour faire entrer la lumière dans son appartement ? Au seuil de l’été nordique, le chant du merle annonce les beaux jours. C’est le thème, vibrant, de la partition nouée par Linda Olsson pour ces trois solitudes. Éloge du premier pas, ce récit d’une rééducation sentimentale est aussi une invitation au voyage nommé lecture.

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Mon avis :

Je tiens tout d’abord à remercier Les Editions de L’Archipel pour leur confiance, j’ai vraiment été ravie de recevoir ce livre dans mon courrier, puisque je n’avais encore jamais eu l’occasion de découvrir la plume de Linda Olsson, dont j’avais déjà entendu le plus grand bien.

Dans ce roman, à l’atmosphère intimiste, nous faisons la connaissance de trois personnes.

Il y a tout d’abord la solitaire Elisabeth. Elle a emménagé il y a quelques mois dans la résidence ou elle vit aujourd’hui, mais nous découvrons très vite, qu’elle n’y fait qu’y survivre, parce qu’elle n’a pas le choix. Elle est dépressive, et vit recluse dans la noirceur de sa solitude. Qu-a-t-il bien pu lui arriver ?

L’appartement était devenu une coquille, une enveloppe protectrice. Presque tout ce qu’elle possédait se trouvait dans des cartons. Posséder : ce verbe disait si mal ce qui la liait à ces objets. Elle ne les possédait plus. Elle n’avait pas vraiment prêté attention à ce qu’elle emballait ; elle l’avait fait dans la précipitation. Elle n’avait plus besoin de tout cela. Elle n’envisageait même pas de défaire un jour ces cartons.

Puis, il y a Elias, le voisin d’Elisabeth. C’est un artiste et dessinateur de talent, souffrant d’une forme de dyslexie sévère. Il est également assez solitaire, mais il s’est lié d’amitié avec Otto, un sexagénaire qui vit dans l’appartement au-dessus du sien. Elias n’est pas sûr de lui, il n’a pas une haute estime de lui-même.

Il n’avait jamais compris que la lecture puisse être un plaisir. Pour lui, c’était une épreuve, une souffrance qu’il évitait autant que possible car elle était associée à des choses qu’il voulait oublier : les souvenirs d’école ; le mot « dyslexique » ; sa mère. Toute cette merde qu’il ne tenait surtout pas à remuer.

Enfin, justement, il y a Otto, mon personnage préféré de ce roman. Il est tellement attachant, plein de sagesse et de bienveillance. Il avait déjà pris sous son aile Elias, en lui racontant à sa façon, les romans dont il avait le souvenir. Il redonnera l’envie de vivre et le sourire à Elisabeth. Otto s’aperçoit avec l’âge qu’il n’a jamais été réellement heureux, même s’il n’a jamais été non plus malheureux, même durant son mariage. Il a toujours vécu par procuration, au mileu des livres. Encore aujourd’hui, il vit au milieu de ces trop nombreux livres.

Il songeait rarement à Eva, du moins consciemment. Après sa mort, pendant des années, il s’était réveillé le matin avec le bras gauche tendu sur le drap comme s’il la cherchait. C’était étrange car Eva n’était pas une femme chaleureuse. Il avait fallu sa disparition pour qu’il comprenne qu’il ne l’avait pas aimée ; elle l’avait intimidé, sa beauté l’avait impressionné, qu’elle ait voulu de lui l’avait comblé.

Ces trois personnages solitaires vont formés un trio, qui va s’entraider. Dans un roman plein de tendresse, Linda Olsson dresse le portrait de trois personnages terriblement attachant, avec chacun leurs faiblesses, mais surtout leurs plus grandes peurs.

L’art, que se soit le dessin, la musique, le cinéma, ou l’écriture tient une grande place au sein de ce roman. C’est un gros point positif qui m’a énormément plu. Il y a évidemment quelques bons sentiments, mais juste ce qu’il faut pour ne pas verser dans la facilité.

L’écriture de Linda Olsson est magnifique et délicate, presque poétique. C’est une vraie découverte, et je sais déjà que je vais me précipiter rapidement sur ses autres romans.

Ici, elle traite d’un sujet délicat, la dépression, pourquoi continuer à vivre quand on a tout perdu, mais surtout quand on a compris que pour continuer à vivre il faut prendre le risque de sourire, d’aimer et risquer de tout perdre à nouveau. Elisabeth sera-t-elle assez forte pour affronter sa plus grande peur ?

On ne peut obliger personne à aimer ni à poursuivre une relation.

Il parait que si l’on pense que l’on est en train de faire une crise cardiaque, il y a peu de chances que c’es soit une ; en revanche, si c’en est une, on le sait. C’est peut-être pareil pour l’amour. Si l’on n’en est pas certain, ce n’est pas vraiment de l’amour. Mais quand on ne l’a jamais connu, comment savoir ? Hélas, on ne peut en être sûr que rétrospectivement, quand on peut faire des comparaisons. Le plus triste, c’est que nous soyons si nombreux à nous résigner sur notre sort, à coller l’étiquette « amour » sur presque tout, à renoncer à l’espoir.

Un roman qui est passé à un fil du coup de cœur ! Je le recommande !

A découvrir aux Editions L’Archipel, depuis le 10 février 2016.



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