Titre : L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux
Auteur : Nicholas Evans
Plaisir de lecture : Livre fantas… tique
Lors d’une sortie hivernale, Grace, 14 ans, est percutée par un poids lourd alors qu’elle se baladait avec une amie. Cette dernière et son cheval meurent après un dérapage sur une plaque de verglas. Pilgrim, son pur-sang en ressort traumatisé, Grace est amputée d’une jambe.
L’harmonie de leur trio familial est difficile à retrouver. Annie et Robert soutiennent du mieux qu’ils peuvent leur fille, sans verser dans la pitié. Mais il y a toujours un manque au creux de Grace. C’est sa mère qui trouve l’ultime solution : partir chez un chuchoteur – Tom Booker, pour soigner Pilgrim et remettre Grace en selle. Sauf qu’aucun d’entre eux n’est motivé pour partager son temps au pays des cow-boys.
)°º•. Le sujet du livre n’est pas la mésaventure de Grace mais bien l’évolution des personnages. L’accident fait ressortir les fêlures de cette famille, met l’accent sur chaque personnage et ses relations avec les autres.
Les personnages sont brisés et vont être mis à nu par l’auteur : leurs défauts, leurs tourments, leurs impressions, leurs ressentis et leur beauté ineffable. Dans cette équation, il y a aussi la place des non-dits et des frustrations nées par le traumatisme. Le triptyque s’articule autour de la femme, de la fille et du cheval.
Pour ce retour à la vie, Nicholas Evans présente l’amour sous toutes ses formes : les relations amoureuses, les liens filiaux, l’amitié et l’amour pour un animal.
Le lecteur part dans le Montana et la vie quotidienne d’un ranch : les descriptions des paysages sont très parlantes et les caractéristiques physiques des chevaux imagées. L’amour pour l’équitation ou les grandes connaissances équines ne sont absolument pas obligatoires. Il s’agir d’une aventure humaine avant tout.
Cette fillette, c’était comme le dernier tableau d’un triptyque. Tout s’éclairait. Ces trois-là, la mère, la fille, le cheval, étaient inextricablement liés dans le malheur.
)°º•. D’ailleurs, l’écrivain, avec des mots simples et bien agencés – et une traduction fluide réussie – saura détailler cette tranche de vie. Les personnages sont posés, ajustés au point où ils pourraient aisément être nos voisins.
Nicholas Evans arrive à nous surprendre dans des retournements de situation minimes, sur des gestes ou une vision des actes. L’intrigue ne se conclut pas sur un final à 100% conte de fées, avec apothéose et paillettes. Non, une fin comme dans « la vraie vie », avec un soupçon de banalité.
Les titres longs fonctionnaient déjà bien en 1995, mais j’aurais trouvé « Le chuchoteur » bien plus énigmatique. Le roman n’a pas mal vieilli malgré sa date de publication (hormis quelques détails technologiques, notamment le fax, périphérique indispensable alors).
« L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » de Nicholas Evans met en relief la vie de personnages éclaboussés par un traumatisme. Ce dernier peut faire basculer des personnalités, remettre en question certaines valeurs. Au contact d’autres personnes, le trio familial de départ va apprendre à panser ses blessures. L’auteur propose une histoire pleine d’authenticité.
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Souvenir de lecture : Le cheval en sait parfois bien plus long sur son maître que ce propre dernier.
J’ai découvert le long-métrage bien avant le livre, à sa sortie en 1998 (et au cinéma) ; puis revu en 2014. Le début du film me serre toujours le cœur et l’accident est une scène difficile pour moi. Dans l’ensemble, j’ai trouvé le film réussi même s’il propose une fin différente. Robert Redford incarne le chuchoteur et enfile aussi la casquette de réalisateur. C’est le premier film, à mon souvenir, où je découvre Scarlett Johansson ; qui campe une Grace un peu plus capricieuse que l’originelle. Les personnages sont tous un peu plus acerbes que dans le roman. Avec une durée de 2h30, le film souffre de longueurs et tombe un peu dans le pathos ; mais il se trouve à l’image de la rééducation même dispensée par un chuchoteur, il faut parfois un peu de temps pour décanter les relations humaines.
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