Anti-garaudistes primaires

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

 [Il faut bien leur donner la parole, malgré outrances, raccourcis, imprécisions, assimilations abusives, "oublis" orientés et au passage quelques véritables injures. Lire aussi: http://rogergaraudy.blogspot.fr/2013/10/anti-garaudisme-primaire.html .NDLR]
Revue Les Temps modernes. N°641. 2006Minard Adrien, Prazan Michaël, « La consécration persane de Roger Garaudy. », Les Temps Modernes 7/2006 (n° 641) , p. 29-44
URL :
www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2006-7-page-29.htm.
Maryam A. vit aujourd’hui dans un coquet appartement du Quartier latin. Née à Téhéran en 1942, elle a vécu en France durant sa jeunesse, avant de retourner dans son pays au cours des années 1960. Mais elle ne s’y sent pas vraiment à l’aise. Elle fait alors partie de la haute bourgeoisie occidentalisée qui gravite autour de la famille impériale. Comme tous ses amis, elle est tiraillée entre ses origines et son attirance pour la vie sociale et culturelle qu’elle a connue à Londres ou à Paris. Devenue professeur de traduction à l’université et donnant des cours à l’Institut français de Téhéran, Maryam fréquente surtout les membres de l’élite francophile qui bénéficie des faveurs de la Shahbanou, l’épouse du Shah, et apparaît comme un trait d’union avec l’Occident. Toutes deux ont d’ailleurs partagé les mêmes bancs de l’école Jeanne d’Arc de Téhéran, chez les sœurs, avant de se retrouver comme étudiantes à Paris. Elle se souvient de la passion éprouvée par nombre de Français, artistes et intellectuels, pour l’Iran du début des années 1970. Le pays connaît alors un « miracle » économique qui suscite l’admiration de nombreux Occidentaux en mal d’exotisme. On assiste à l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie aux yeux tournés vers les Etats-Unis ou la France. Le développement de la culture et des arts est favorisé par le régime du Shah. C’est l’époque de la redécouverte de la civilisation perse, de la vogue du soufisme et de la modernisation accélérée de l’Iran. Un pays de cocagne en somme. Un « ailleurs » où la jeunesse française, après les désillusions de Mai 68, peut se ressourcer au contact d’une société neuve et des sagesses orientales.Le chorégraphe Maurice Béjart est de ceux qui séjournent régulièrement dans son pays. En 1971, il apporte sa contribution chorégraphique aux festivités organisées à Persépolis pour le 2 500e anniversaire de la fondation de l’Empire perse, en présence de centaines d’invités étrangers. Deux ans plus tard, il crée deux ballets s’inspirant de la musique traditionnelle iranienne, l’un appelé « Golestan », et l’autre « Farah », en l’honneur de la Shahbanou, à laquelle il voue, comme beaucoup de Français, une grande affection. Il apparaît ainsi plusieurs fois en vedette du festival de Shiraz, où ses représentations bénéficient du somptueux décor des ruines antiques. A la suite de la rencontre d’un musicien kurde adepte du soufisme, il se convertit à l’islam en 1973.Maryam a assisté à ces fabuleuses mises en scène de Béjart, mais elle se souvient surtout de son ami philosophe auquel il a communiqué sa fascination pour l’Iran, Roger Garaudy. C’est au milieu des années 1970 qu’elle le croise dans les soirées branchées organisées chez des amis. Bien qu’ils soient choyés par le régime du Shah, ces intellectuels iraniens sont souvent encore proches du communisme ou du trotskisme. Le pouvoir a donc tout intérêt à gâter ces opposants potentiels en leur laissant beaucoup de liberté dans le domaine culturel. Pour eux, recevoir Garaudy est un honneur : « On voyait quelqu’un qui avait été le responsable des éditions marxistes en France. On l’a vu fasciné par une culture qui était la nôtre depuis notre naissance. Il nous a aidés à regarder nos origines », lui reconnaît Maryam. L’accueil fait à l’ancien dirigeant du PCF s’inscrit dans cette volonté des intellectuels francophones de lier l’attachement aux racines à l’attrait pour les courants contestataires français.>> LIRE LA SUITE >>