Les géoglyphes du Moyen Orient seraient préhistoriques

Publié le 18 février 2016 par Jann @archeologie31
Depuis l'article publiée en 2011 (Moyen Orient: comme à Nazca, des centaines de géoglyphes visibles du ciel ), les milliers de structures en pierre représentant des formes géométriques, au Moyen Orient, commencent à être mieux comprises. Des archéologues ont en effet trouvés deux motifs en forme de roue remontant à 8500 ans.

Ces "roues" sont ainsi plus anciennes que les célèbres géoglyphes de Nazca au Pérou.
De plus certaines de ces formes géantes, situées dans l'oasis d'Azraq en Jordanie, semblent avoir une signification astronomique car elles ont été construites dans l'alignement du lever du soleil lors du solstice d'hiver.
Ce ne sont que quelques unes des découvertes d'une nouvelle étude sur ces lignes du Moyen Orient qui avaient été trouvées par des pilotes au cours de la Première Guerre Mondiale
Le lieutenant Percy Maitland de la RAF avait publié un rapport à ce sujet en 1927 dans la revue Antiquity, précisant que les bédouins appelaient ces structures "ouvrages des vieux hommes", un nom encore utilisé par certains chercheurs modernes.
Ces ouvrages comprennent des roues, qui ont souvent des rayons partant du centre, des kites (structures en pierre qui étaient utilisées pour canaliser et tuer les animaux), des lustres (lignes ou cairns en pierre) et des murs sinueux..
Ce sont des "formes géométriques spécifiques qui font de quelques dizaines de mètres jusqu'à plusieurs kilomètres, évoquant les formes géométriques bien connues des lignes de Nazca au Pérou" écrit l'un des archéologues de l'équipe.
On les retrouve dans toute la région d'Arabie, depuis la Syrie, en Jordanie et Arabie Saoudite jusqu'au Yémen. "Le plus surprenant à propos de ces 'ouvrages' est qu'ils sont difficiles à identifier au niveau du sol. Cela contraste avec leur apparente visibilité depuis les airs" écrivent les chercheurs.
Une datation préhistorique
Les tests ont indiqué que certaines des roues ont aux alentours de 8500 ans, une période préhistorique où le climat était plus humide dans certaines parties du Moyen Orient.
A l'aide d'une technique appelée datation par luminescence (optically stimulated luminescence (OSL)), les archéologues ont pu dater deux roues à Wadi Wisad dans le Désert Noir de Jordanie. L'une des roues  remonte à 8500 ans, alors que l'autre est un mélange de dates suggérant sa construction il y a environ 8500 ans et un remodelage ou réparation il y a environ 5500 ans.
A l'époque où ces roues ont été construites, le climat dans le Désert Noir était plus hospitalier, et Wadi Wisad était habité. " Des charbons de bois de chêne à feuilles caduques et de tamarinier (un arbuste) ont été trouvés dans deux foyers dans une construction remontant à environ 6500 avant JC" écrivent les chercheurs.
Des alignements solaires ?
L'analyse spatial des roues a révélé qu'un ensemble de roues, situées dans l'Oasis d'Azraq, ont des rayons orientés sud-est/nord-ouest ce qui pourrait être un alignement avec le lever du soleil lors du solstice d'hiver. "La majorité des rayons des roues dans cet ensemble sont orientés pour une raison quelconque sur l’alignement sud-est/nord-ouest". On ne sait pas si cet alignement était intentionnel. "Quant aux autres roues, elles ne semblent pas contenir d'informations archéoastronomiques".
Quelle était leur utilité ?
Les deux roues datées "sont simples dans leur forme et plutôt grossières d'après les standards géométriques" rapporte Gary Rollefson, professeur au Whitman College à Walla Walla, Washington, "elles contrastent fortement avec d'autres roues qui semblent avoir été conçues avec une plus grande attention aux détails comme on le retrouve dans les lignes de Nazca. Il est possible que des roues différentes aient eu une utilisation différente."
Dans le cas des deux roues datées, "la présence de cairns suggère un lien avec des inhumations, étant donné que c'était souvent la façon de faire lorsque quelqu'un décédait" ajoute Rollefson qui souligne "qu'il y a d'autres roues où les cairns sont totalement absents, ce qui suggère une utilisation différente".
Rollefson est co-directeur de l'Eastern Badia Archaeological Project. Son équipe espère fouiller quelques uns des cairns, qui sont situés à l'intérieur des roues, dans les prochaines années.
Visibles depuis le ciel.
La raison pour laquelle les hommes de la préhistoire ont construit ces structures en forme de roue que l'on ne peut voir du sol reste un mystère. Il n'y avait ni ballon, ni planeur à cette époque. De plus, les chercheurs ajoutent que le fait de grimper sur une hauteur pour les voir n'était pas possible, du moins dans la majorité des cas.
Bien que les roues sont souvent difficiles à faire ressortir sur le terrain, elles ne sont pas non plus invisibles. "Certes, on ne peut pas voir le produit fini debout au niveau du sol, mais on peut encore percevoir une configuration géométrique générale" précise Rollefson. Pour créer la forme d'une roue avec le plus de précision, les constructeurs avaient dû utiliser un pieu et une longue corde.
 Les roues d'Arabie Saoudite
Les roues situées en Arabie Saoudite et au Yémen sont différentes de celles trouvées plus au nord. Elles ont été découvertes par une équipe avec l'Aerial Photographic Archive for Archaeology in the Middle East (APAAME). Ils ont étudié les roues et autres "ouvrages des vieux hommes" en utilisant l'imagerie satellite fournie par Google Earth et Bing. Ils ont aussi utilisé des photographies aériennes d'archive prises en Arabie Saoudite et au Yémen au cours du 20ème siècle.
Les cercles tendent à être plus petits et ont seulement une ou deux barres au lieu des rayons, dit David Kennedy, de la University of Western Australia, qui co-dirige le projet. Certaines des "roues" ont en fait la forme de carrés, rectangles ou triangles.... Un type de structure ressemble même à un œil de bœuf...
Trois triangles pointent vers la roue œil de bœuf, et il y a de petites piles de pierres qui mènent des trois triangles vers la roue. Kennedy l'a appelé "une tombe à œil de bœuf avec, dans ce cas, trois triangles avec une partie de ligne les reliant au cercle". Pour le moment, les archéologues ne peuvent pas mener des fouilles ou faire de l'imagerie aérienne (avec planeur ou hélicoptère) en Arabie Saoudite ou au Yémen.

Les portails du désert
Une autre forme d' "ouvrage des vieux hommes" que Kennedy et son équipe ont trouvé en Arabie Saoudite est composée de structures qu'il appelle "portails". Jusqu'ici, 332 portes ont été trouvées en Arabie Saoudite (aucune n'est connue plus au nord). Les portails "consistent en deux cours murs épais ou  tas de pierre, entre lesquels s'étirent un ou plusieurs murs de liaison" écrivent les chercheurs
Ils ont noté que "d'en haut, ces structures ressemblent à un ancien portail barré posé à plat." La plus longue porte fait plus de 500m, mais la plupart sont bien plus petites. Les scientifiques ne savent pas à quand remontent ces portails, ni quel était leur but. "J'ai inventé le terme de 'portails' pour la simple raison que j'avais besoin d'une étiquette pratique pour les décrire et je me suis souvenu de sortes de portes de champs que je voyais partout autour de moi au cours de mon enfance à la campagne en Ecosse" explique Kennedy.
Les chercheurs ont remarqué que ces portes ne se situent pas en général près des kites (utilisés pour la chasse). En effet, certains des portails ont été construits dans des endroits, comme des pentes volcaniques arides, où il ne pouvaient y avoir de grands troupeaux d'animaux. Les archéologues ont trouvé cinq portails sur les pentes extérieures de la cuvette du volcan Jabal al-Abyad en Arabie Saoudite
Kennedy précise que son équipe est entrain de terminer ses recherches sur ces portails et qu'ils vont publier un nouvel article décrivant leurs découvertes en détail.
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