Crise agricole : la mauvaise foi caractérisée de LR

Publié le 18 février 2016 par Letombe

Réaction à la conférence de presse de Guillaume Larrivé, porte-parole LR Les Républicains demandent "l'état d'urgence agricole"

Le Parti socialiste ne peut laisser passer sans réagir les propos mensongers tenus par le parti Les Républicains qui met en cause le gouvernement tout en se dédouanant outrancièrement de la grave crise agricole qui sévit dans notre pays. Par la voix de son porte-parole, LR n'hésite pas à prôner des mesures déjà mises en place ou des mesures que ses élus, alors au gouvernement, avait abrogées, les ignorant avec une parfaite mauvaise foi et opérant une impasse totale de son action gouvernementale passée ; ou encore il exige des actions tout à fait déplacées. L'exercice auquel s'est livré hier Guillaume Larrivé, porte-parole de LR, est significatif d'une large désinformation auquel se livre son parti en exigeant la déclaration d'un l'état d'urgence agricole et cinq mesures qui résoudraient la crise.

Une mauvaise foi caractérisée de LR

Une baisse immédiate des charges ? Cette baisse a été largement amorcée dès 2012, dès l'arrivée des socialistes au gouvernement et, d'ici 2017, les allègements de charge dans le secteur auront doublé par rapport à leur niveau de 2012. Ce, sans compter la nouvelle mesure d'allègement de cotisations annoncée par le président de la République ce 11 février.

S'engager dans de vraies politiques de filière ? Les investissements ont été largement encouragés, à l'exemple du soutien apporté aux abattoirs : 50 M€ sur 2 ans, soit le doublement du volume d'aide à l'investissement apporté dans ce secteur entre 2002 et 2012. Mais qu'en a t-il donc été pendant ces 10 années passées par la droite au pouvoir... ?

"Nous appelons le gouvernement à adopter un moratoire sur les normes. Nous n'acceptons pas que la France sur-transpose les normes européennes" qui "attachent un boulet aux pieds des agriculteurs français", a également affirmé le porte-parole LR. Pas une seule norme supérieure au droit communautaire qui impacterait les éleveurs et rendue obligatoire n'a été inscrite depuis 2012 !

Le parti LR demande d' "en finir avec le compte pénibilité et de rétablir une TVA compétitivité" qui, selon lui, "ont considérablement affaibli l'agriculture française et appauvri les agriculteurs". Bien au contraire, le Parti socialiste défend l'avancée sociale majeure que représente le compte pénibilité pour les travailleurs de notre pays, notamment en agriculture. LR oublie que la profession agricole, et en particulier la FNSEA, seul syndicat "employeurs", a été pleinement associée à l'élaboration des critères d'application et que les accords de branche seront opposables.

Etablir une TVA sociale ? Mais où est donc l'engagement du Parti LR de ne pas augmenter les impôts des Français ? Le gouvernement a veillé à ne pas augmenter la TVA des produits de première nécessité, qui touche prioritairement les personnes les plus fragiles, et va continuer à baisser les charges des agriculteurs en évitant toute hausse d'impôt.

Le parti LR demande que "la France s'engage pour une meilleure régulation du prix des matières premières agricoles". Demande difficile à entendre de la part de ceux qui ont libéralisé les marchés agricoles (quotas laitiers, droits de plantation) et livré les agriculteurs dans les mains de la grande distribution avec la loi de modernisation de l'économie (LME, 2008) ! Le gouvernement n'a pas attendu pour agir : défense du budget de la PAC, adaptation de la loi de modernisation de l'agriculture de 2010 (par loi d'avenir agricole de 2014) et de la LME (par la loi Hamon de 2014), réintroduction des régulations de plantations pour les vignes, mémorandums européens... Mais l'Union européenne n'est-elle pas majoritairement d'inspiration libérale ces dernières années, dirigée par une majorité de pays ayant des gouvernements de même sensibilité politique que le parti LR, qui ont détruit tous les systèmes de régulation agricole existants au titre de la libre concurrence des marchés ?

Un gouvernement fortement mobilisé

Le parti LR demande que François Hollande engage "sans délai" les négociations avec Vladimir Poutine pour "en finir avec l'embargo russe", ou encore que "la transparence" soit faite sur les négociations en cours sur le traité transatlantique. C'est là encore des propos de mauvaise foi manifeste : c'est à l'Union européenne (UE) de mener ces négociations, même si la France peut en prendre sa part - ce que n'a pas manqué de faire le Gouvernement. La France a demandé à l'Union européenne d'accélérer les négociations mai également Stéphane Le Foll était à Moscou cet automne, le premier Ministre rencontrait son homologue russe le week-end dernier... Par ailleurs, un petit rappel est certainement nécessaire : un embargo sanitaire sur le porc était en place avant l'embargo politique, beaucoup plus large, et notre ministre de l'Agriculture a obtenu en janvier la reprise des exportations françaises dans les prochaines semaines.

Enfin, des lignes rouges ont été clairement posées dans la définition du mandat de négociation du traité de libre-échange transatlantique donné à la Commission européenne : normes sanitaires, modèle alimentaire, défense des indications géographiques, pas de libéralisation dommageable sur nos intérêts défensifs (notamment viandes, biocarburants, etc.).

Lors du conseil agricole de ce 15 février, Stéphane Le Foll a mis en garde la Commission européenne sur la gravité de la crise qui touche, certes, la France, mais bien au-delà l'ensemble des pays européens. Le mémorandum qu'il a remis "sur les mesures européennes à mettre en œuvre pour faire face aux crises agricoles des secteurs laitier et porcin" a été salué par le commissaire européen Phil Hogan et a reçu le soutien de 12 pays (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Chypre, Irlande, Italie, Lettonie, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie). Le ministre de l'Agriculture a défendu des mesures de régulation des volumes produits, seul moyen de mettre un terme à l'augmentation de la production continue qui tire les prix à la baisse. Il a également présenté au Commissaire le projet de décret prévoyant l'étiquetage obligatoire de l'origine du lait et des viandes en tant qu'ingrédient, proposant que la France mette en place une expérimentation.

Cette crise de l'agriculture européenne sera abordée par le président de la République lors du prochain sommet européen des chefs d'Etat et de Gouvernement des 18 et 19 février.

La France est le seul pays à avoir déployé un plan de soutien national en parallèle des aides apportées par l'UE. Par ses alertes répétées, Stéphane Le Foll avait déjà obtenu la tenue des conseils exceptionnels en septembre qui avaient donné lieu au déblocage de 500 M€ et à la mise en place de mesures de stockage. Mesures d'urgence qui se sont révélées insuffisantes et qui appellent à ce que l'Europe les renforce mais prenne également des mesures structurelles.

C'est bien une réorientation profonde de la politique agricole européenne comme française qu'il s'agit d'obtenir, mais pour laquelle les divergences de fond sont profondes entre ce que porte la droite et ce que portent les socialistes. A une dérégulation et une course au productivisme, profitable à quelques-uns mais néfaste pour le plus grand nombre, qui ont conduit le pays dans l'impasse, les socialistes opposent un modèle social-écologique privilégiant l'emploi et la juste rétribution du travail, la valorisation des ressources naturelles alliées à la productivité ; modèle qui demande de s'adapter pour produire autrement une alimentation de qualité, accessible au plus grand nombre. Parti socialiste