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The Revenant : à l'intérieur

Par Marcel & Simone @MarceletSimone

Un an s'est passé depuis le sacre de Birdman et Alejandro Gonzalez Inarritu propose une
nouvelle prouesse visuelle très (trop?) attendue en adaptant le roman éponyme de Michael Punke. Ici, le huis clos n'est plus l'intérieur d'un théâtre de Broadway, mais le piège blanc des paysages américains, vibrants d'une sauvage hostilité. Entre western glacial et survival animal, The Revenant se démarque comme une expérience intensive et éblouissante au cœur des entrailles de l'homme et nous raconte visuellement comment la violence prend source à l'intérieur de l'humain …

The Revenant : à l'intérieur

Le fil rythmique de The Revenant se construit comme les pulsations d'un cœur. Après une
séquence apaisée par un onirisme magnifique, les tensions se ravivent, le souffle qui gronde dans nos oreilles s'accélère brutalement : le film oscille remarquablement entre quiétude et suspense haletant. Comme un cœur, les images s'emballent sans prévenir pour mieux sublimer l'entrée en scène de l'appel à la contemplation, juste après. La poésie d'Inarritu nous embarque au cœur des choses, dans le liquide de leurs essences pour ajouter une dimension de sublime à cette nature menaçante. Et on retrouve dans ce lyrisme élogieux des paillettes de Tarkovski et de Malick, sans que la force de la beauté du film n'en soit perturbée.

Dés les premières images du film, la violence explose et s'impose comme un thème majeur. Elle dompte les personnages, désormais guidés par un instinct animal, et transforme The Revenant en une chasse à l'homme aussi symbolique que formelle. Cette chasse virulente donne alors des vertiges à la caméra et nous entraine dans une bourrasque gelée et dansante, toujours teintée d'une fantasmagorie difficilement explicable. Alors, Hugh Glass entraine tous ceux qui le regardent dans sa souffrance, ses chutes, ses découvertes. Inarritu aboutit à la perfection le mécanisme de la projection du public dans un personnage. Le choc vécu face à cette violence débordante ne cesse de rappeler que oui, "On est tous des sauvages", le tout non sans douleur.

Décortiquer The Revenant en quelques lignes sans aborder la prestation du monstre Leonardo DiCaprio sonnerait comme une fausse note. Pendant plus de deux heures, le comédien se fait ours blessé. Il incarne la souffrance ultime, n'a jamais autant rampé, ni meurtri les lignes brisées de son visage. Encore une fois, DiCaprio s'abime, épuise ses forces en se poussant à bout et fait enterrer littéralement et définitivement Jack Dawson, héros de Titanic. Et oublions un instant la polémique de l'Oscar, ce rôle fuse de façon sensationnelle avec la vie filmique de l'acteur et dévoile une cohérence déstabilisante entre toutes ses prestations. La performance est poussive mais contagieuse de frissons. DiCaprio n'est pas le seul à prouver le talent de direction d'acteurs d'Inarritu : Tom Hardy et sa gouaille mâcheuse excelle en fouine bourrue, le jeune Will Poulter incarne avec finesse la naïveté des tracas …

The Revenant : à l'intérieur

The Revenant a tout d'un voyage des sens. Certains y verront un débordement performatif
sans émotion, d'autres un spectacle sans précédent traumatisant de beauté. Métaphore de la brutalité des entrailles humaines, le film dessine un duel permanent qui s'écoule dans des veines glacées par un sang échauffé. Alors, notre sortie de salle s'apparente symboliquement à la résurrection de Hugh Glass : une sensation de choc engluante et difficilement oubliable nous assomme …

Sortie en France ; 24 février 2016


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