Après la sortie remarquée de leur deuxième album, V2.0 – dont on vous avait parlé l’année dernière – les GoGo Penguin n’ont clairement pas chômé puisqu’ils ont eu le temps de s’offrir une tournée sur tous les festivals de jazz de l’été dernier et nous présentent ce mois-ci leur troisième album : Man Made Object.
Ce sera donc le premier des trois albums que le prestigieux label Blue Note s’est engagé à faire avec eux, puisque les salles gosses de Manchester ont rejoint leur écurie fin 2015. Premier constat : les moyens de la major n’ont en rien altéré le son du trio, toujours aussi attaché à leur liberté de composition, d’arrangement et de son.
On commence d’ailleurs l’opus avec ce titre : « All Res », parfaite introduction au voyage auquel ils nous invitent :
Les GoGo, depuis le départ, se sont fondé sur l’envie de tisser un lien entre jazz et musiques électroniques. Reprendre les codes rythmiques et les structures de l’un puis les instruments et les sonorités de l’autre pour créer une musique ni tout à fait jazz, ni même post-jazz. Leur appellation favorite : electronica acoustique. Le pianiste, Chris Illingworth est d’ailleurs fasciné par tout l’univers de la robotique et des machines au sens large. Reprenant l’image de la prothèse lors d’une interview des GoGo Penguin sur France Culture, le compositeur commentait :
« Ce choix est en partie lié à ma fascination pour la robotique et pour les concepts de transhumanisme et d’amélioration humaine. Lorsqu’après avoir perdu un membre, une personne est équipée d’une prothèse, celle-ci finit parfois par être à tel point intégrée au corps, que l’hôte en vient à imaginer éprouver des sensations. D’une manière un peu étrange, ce phénomène entre en résonance avec ce que nous faisons. Nous recréons de la musique électronique à partir d’instruments acoustiques. Comme un artefact qui finit par s’humaniser. Ça nous a semblé être un bon titre d’album également parce qu’il a une signification différente pour chacun d’entre nous et, espérons le, pour chaque auditeur. »
Si on réalise combien l’orfèvre de la composition et de l’arrangement est complètement comparable aux rouages des machines qui les fascinent tant, c’est aussi grâce à cette technicité que les trois musiciens ont développé. Tant sur les arpèges du pianiste que sur les accents surprenants et rafraichissants du batteur ou encore sur la puissance des accords plaqués de la contrebasse, le tout est également emmené par une osmose évidente entre les trois copains. Bien-sûr, on pourrait se dire qu’avec un peu de boulot en studio, l’ »osmose » peut se créer artificielleme,t (sujet à débat tout de même…). Mais le trio nous donnent des preuves irréfutables de leur entente magique en live ! Exemple avec le quatrième morceau de l’album, « Weird Cat » (oui cet album comporte quelques titres curieux comme « GBFISYSIH », « Unspeakable World», ou ce dernier) joué ici dans la magnifique Union Chapel de Londres :
Comme vous pourrez le voir, le pianiste, fidèle à son habitude, tourne le dos au public. Et oui, ça s’intéresse aux machines, ça lit la presse pour geek mais ça n’assume pas trop les audiences de plus de 100 personnes ! On lui pardonne toutefois bien volontiers sa timidité presque mignonne étant donné la performance qu’il nous envoie : cet homme est clairement une machine à lui tout seul.
Maintenant que vous en êtes convaincus, il ne vous reste plus qu’à vous jeter sur l’album des GoGo Penguin qui offre donc une palette encore plus large de sonorités allant de l’électro au trip-hop. On vous laisse d’ailleurs avec ce remix du titre très groovy «Initiate» réalisé pr le producteur londonien Stray:
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Charly
Chroniqueur du Limo, musicien et boulimique de vinyle, j'aime toutes les musiques qui me secouent les tripes.J'aime aussi monter les blancs en neige pour la tarte au citron, mais c'est un autre sujet.
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