[suite] Bon, voilà, chose promise, chose due, j’ai fait le job. Cela m’a coûté, car je connais par cœur le registre des discours de Mélenchon, pour y avoir assisté en personne, et en avoir décortiqué et analysé bien d’autres en replay. J’ai également pris connaissance des travaux du M6R dont je prévoyais hier (dans mon billet préalable, indispensable à une meilleure compréhension de celui-ci) à juste titre qu’il s’inspirait. Mais il me fallait répondre aux arguments en faveur de sa candidature que j’ai vus exprimés ici et là. je me suis donc coltiné sa prestation (réussie, comme dab, il n’est pas usurpé de dire que c’est un bon orateur, et pédagogue de surcroît) à Dejazet (cf. La vidéo en préliminaire de ce billet). On m’a dit en effet qu’il y répondait à des objections sur sa candidature, comme j’en ai moi-même. J’ai d’ailleurs apprécié de constater que je n’étais pas le seul, et que même des militants de longue date, qui connaissent Mélenchon de manière plus proche apparemment que je ne saurais l’être, ce sont émus de sa démarche de cavalier seul. Je veux parler de cette lettre de Gérard Piel à Mélenchon. Cet ancien conseiller régional du Pcf des coins d’Antibes, d’autant plus respectable qu’il s’est opposé à une expulsion locative, y développe une perception que je rejoins. C’est pourquoi j’ai tenté de lui adresser un commentaire qu’il n’a pas daigné retenir. Libre à lui. Le voici. Vous verrez qu’il n’y a là rien d ‘insultant.Je tente simplement de mettre cartes sur tables :
je ne suis pas communiste, quoi qu’il n’y ait pas de honte si l’on est fidèle à ses convictions, en paroles comme en actions, au quotidien. Je fus au PG, puis à Ensemble. Aujourd’hui, je ne suis plus nulle part, et je tiens comme à la prunelle de mes yeux à cette liberté que je me suis donnée par cette distance volontaire, afin de conserver ma liberté de pensée, de parole, et d’action, loin des mamailleries électoralistes de bas étage. Pourtant, je suis d’accord avec vous, et nos positions se rejoignent : http://gauchedecombat.net/2016/02/10/martelons-lerreur-melenchon/. J’aurais attendu de l’ensemble de la gauche du ps une autre attitude plus responsable et démocratique, qui ne mette pas ainsi l’ensemble des militants de gauche devant le fait accompli. Moi non plus, comme le peuple de France, et celui de gauche, j’ ai besoin de bien des choses mais surtout pas » d’un sauveur suprême ». J’ai tué mon père, symboliquement, à l’adolescence, par mes arguments, mes idées, mes convictions, et mon mode de vie, et je ne ressens nul besoin, contrairement à certains mélenchonistes sectaires avec lesquels je me frite assez régulièrement sur les réseaux sociaux, plus aptes aux insultes qu’à l’argumentation froide et à l’analyse, de père à suivre… C’est pourquoi j’aurais souhaité qu’une primaire de toute la gauche du ps puisse avoir lieu, afin de désigner un candidat de la gauche alternative non libérale. Mais dans un souci d »objectivité, il faut dire aussi que l’attitude du PCF, qui m’a habitué depuis des dizaines d’années, à un comportement totalement schizophrène (qui à mon sens a contribué à l’écœurement de la chose politique) consistant à n’avoir pas de mots assez forts avant le 1er tour d ‘une élection envers le PS pour le rejoindre au deuxième tour, ce qui fait un peu tache, vous l’avouerez. La position totalement incohérente du PCF lors des dernières élections, et le comportement si peu moral de Monsieur Laurent, n’est pas étranger à mon avis, tout comme la déconfiture regrettable du PCF, à la décision de Mélenchon. Les torts me semblent donc partagés, et l’on ne peut courir le risque de laisser faire une primaire à gauche avec le PS, comme semble s’y résigner le PCF, au risque de devoir soutenir quelqu’un d’aussi peu socialiste et même de gauche qu’Hollande. Aussi, je vous demande personnellement dans quelle direction, personnellement, vous allez vous dirigez dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Merci pour votre réponse.
On peut voir que, bien que je partage l’avis de ce Monsieur avec lequel je converge, je n’en conserve pas moins mon libre arbitre, et je ne dis pas autre chose que ce que Mélenchon présente comme un cafouillis du front de gauche. Mais non, comme il le prétendait lundi soir à Dejazet, nous ne saurions nous voir confondus avec Cahuzac. Peut-on dire ce que l’on pense sur un registre purement politique sans se voir aussitôt insulté, comme le font si volontiers les soutiens de Mélenchon sur les réseaux sociaux, lorsque par exemple je partage sur twitter la lettre de Monsieur Piel, alors que je ne suis pas communiste, et que l’on ne saurait par conséquent me suspecter de je ne sais quel calcul politicien auxquels je suis viscéralement étranger ? A se mettre à dos leurs propres camarades de lutte et de combat, qui ont sensiblement les mêmes convictions malgré quelques désaccords, en les qualifiant de socio-traîtres, de collabos ou d »‘idiots utiles du libéralisme » (mouarf ! Pas à moi !) qui selon eux se rangeraient sous la coupe, avec le PCF et Ensemble, de la fausse gauche qu’est le PS, comme je l’ai vu écrit par un certain @hubelorg sur twitter hier, je ne suis pas certain que cela soit très productif pour assurer l’avancement de nos idées… Ils ne sauraient en effet prétendre sans ridicule à l’hégémonie de représenter les seuls insoumis à un certain système dont tout le monde constate qu’il est à bout de souffle. Ce que je veux dire enfin, c’est que malgré l’écœurement légitime provoqué par le hollandisme/Vallsisme qui mettent tant à mal nos valeurs de gauche, la démarche de la candidature de Mélenchon (dont j’ai bien noté qu’il la concevait non comme une candidature mue par des intérêts personnel mais comme un déclencheur pour reprendre ses mots), ne risquait pas d’aboutir si elle se faisait contre son propre camp. c’est une erreur stratégique de prendre à rebrousse poil le Pcf et Ensemble comme certaines têtes brûlées le font. Pour que la démarche de Mélenchon aboutisse, il y faudra qu’on le veuille ou non une assise partisane et militante suffisante, et des appuis de sympathisants d’autres camps, d ‘autres rangs. je doute en outre fortement que la démarche #JLM2017 puisse mordre sur l’abstention, ce qui pourrait lui faire gagner des voix, pour la même raison qui m’a fait abandonner le M6R, auquel je ne croyais plus : la démarche nécessite trop d’investissement personnel, de culture politique, de vigilance militante pour qu’on espère voir mordre des gens pour une grande part dépolitisés. D’où la nécessité d’être dans une position de rassemblement, de conciliation, d’explication, d’ouverture sur l’autre, ses attentes, ses souhaits, et non d’exclusion comme des militants de clavier sont en train de le faire actuellement. Mais bon, ce que j’en dis moi, hein.. je m’en fous. je me place délibérément hors jeu de cette aventure là pour des raisons précises que j’ai évoquées hier. Mais puisque certain(e)s préfèrent les ignorer, je ferai de même. je ne me livre pas à cet exercice bénévole quotidien sur ce blog pour être agressé et insulté. Je me contente juste de livrer modestement mes impressions sur cette démarche, comme je le fais pour n’importe quel autre projet à gauche. Et donc, après avoir visionné la vidéo de Dejazet, j’évoquerai dès que possible, dans la même logique, mon sentiment sur ce que je pense du site de JLM2017. Mais pour l’instant, je ne sais toujours pas pour qui je voterai en 2017, mais certainement pas, contrairement à certaines affabulations humiliantes et diffamantes, blessantes à dessin, donc malveillantes, pour les primaires hollandaises dont j’ai déjà dit qu’elles ne me concernaient pas, ni pour Hollande, ni pour tout autre candidat du PS. J’ai donné. Je suis de gauche, vraiment, et définitivement.
NB. je suis d’accord cependant sur un point avec Mélenchon : s’il avait attendu que le Pcf et Ensemble se mettent d’accord pour désigner un(e) candidat(e) de la gauche radicale en 2017, l’élection se serait déjà faite sans eux… Mais moi, je suis seul, indépendant, et libre, d’aucun parti, d’aucune chapelle, et c’est le luxe que je me suis choisi, pour mieux rendre compte ici de ce que je lis, vois et entend, en échos de la gauchosphère. Et donc, fort de ce luxe, je choisirai au dernier moment, après mûre réflexion. Chacun sa place.