Qui suis-je pour dire que j’ai plus ou moins aimé ce roman, dit polar mais qui contient tout ou presque ? Je me fais courtoise et vous le présente afin que vous sachiez un peu de quoi il en retourne, même s’il est ardu de présenter une histoire aussi fertile.
Nous sommes à Cuba, en compagnie de l’enquêteur policier autochtone et chaman, Benjamin Sioui qui n’est pas là pour mener une enquête mais plutôt voir le temps venir. Bien entendu, que le roman ne serait pas aussi consistant (542 pages) si quelque entité n’arrivait pas à l’embarquer dans une histoire assez barbare, celle-ci étant la disparition d’enfants. Cette entité est ni plus ni moins qu’une déesse du panthéon afro-cubain. À noter que celle-ci se fera pressante tout au long du récit, et viendra harceler l’enquêteur celui-ci étant jeté à chaque fois dans une transe comateuse.
Le policier sera admirablement entouré pour mener son enquête, ne serait-ce que par Maeva, une belle et fascinante femme qui deviendra son acolyte à tous les niveaux. Il rencontrera également un adolescent, Elvis, avec qui il développera une solide complicité. J’ai d’ailleurs aimé suivre les aléas de cet attachement quasiment paternel, même si j’ai trouvé que le jeune agissait ni plus ni moins en héro, tellement ses émotions de tristesse étaient contrôlées.
La trame du roman est simple, très simple, menée d’une manière succincte, ce roman atteindrait tout au plus 200 pages. Ce serait sans compter la verve de l’auteur. Pour vous en donner une idée, j’ai piqué cette phrase chez Richard Migneault : […histoire d’amour. Roman policier. Thriller obsédant, velouté et passionnant. Précis de lecture et guide touristique. Recueil de poésie et délire onirique. Parsemé de mots espagnols, anglais, écrit en français, parfois en québécois…]. Et Richard M. de poursuivre : […ces incartades culturelles nous aident à garder le rythme lent de lecture, permettant de savourer toute la richesse de l’écriture de l’auteur].
Bref, ce qui a charmé l’auteur du blog Polar, noir et blanc, à savoir le rythme lent de lecture, est ce qui m’a dérangé. Ce rythme obligatoirement lent, par le foisonnement d’informations m’a fait penser plus souvent que nécessaire « Et l’histoire, est-ce qu’on la continue ? ». Si on retire ce brin d’impatience, on pourrait conclure que ces dissertations sont instructives et, pourquoi pas, faisant partie intégrante de l’histoire. N’empêche qu’un roman si touffu en prose prend un risque : devant une personne particulièrement bavarde, l’affinité doit être grande pour trouver un intérêt à chacun des volubiles apartés. Ce principe est à mon avis transposable d’auteur à lecteur.
Je suis obligé de conclure que Cuba ne m’intrigue pas particulièrement, ce dont je n’en suis pas nécessairement fière, et encore moins les religions avec divinité. L’intérêt d’une personne qui a déjà été à Cuba et dont la curiosité est resté à vif ne part pas du même endroit que moi et peut adorer ce bouquin ésotérique qui explore Cuba sous ses angles non touristiques. Par exemple, on y visite des festivals de musique que même certains Cubains ne visitent pas couramment. D’ailleurs, avis aux intéressés, les références musicales y sont très présentes.
Un polar original qui sort des sentiers battus et qui ravira les amateurs de Cuba et de verve généreuse et bien documentée.