La règlementation européenne concernant l'agriculture biologique est en cours de révision. Et cette révision ne va pas du tout dans le bon sens.
Cette réglementation, actuellement très contraignante, interdit les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides) et engrais de synthèse, notamment l'azote minéral; les produits chimiques de synthèse tels les conservateurs, les colorants, les émulsifiants, les arômes et autres auxiliaires technologiques utilisés dans la préparation des plats cuisinés ...; l'irradiation des aliments pour les conserver; l'hydroponie (cultures hors sol); l'utilisation de produits OGM et dérivés dans l'alimentation des animaux; l'utilisation de semences OGM; l'utilisation d'hormones de croissance et d'acides aminés de synthèse chez l'animal; le clonage et le transfert d'embryons ...
Elle limite l'utilisation à titre curatif d'antibiotiques chez les animaux : pas plus de trois traitements curatifs durant la vie de l'animal.
Elle limite la mixité des cultures de même variétés bio/non bio. En cas de contamination accidentelle pouvant être liée aux pulvérisations effectuées par les agriculteurs conventionnels, les produits perdent automatiquement le label bio.
Et elle prend également soin du bien être animal.
Les agriculteurs bio sont contrôlés deux fois par an (et ils payent pour ça !), dont une fois de façon inopinée, par des organismes de certification.
Enfin les produits bio doivent contenir au moins 95% d'ingrédients bio et pas plus de 0,9% de traces d'OGM, ces traces pouvant malheureusement être fortuites, sinon ils n'ont plus droit à l'appellation bio.
Et en cas de fraude c'est toute la ferme, ou les produits transformés, qui sont déclassés avec à la clé des amendes, voir de la prison.
Ce sont toutes ces mesures qui mettent les consommateurs en confiance en leur apportant la garantie d'acheter des produits sains. Mais voilà que la Commission Européenne trouve ces contraintes trop contraignantes et souhaiterait que le nouveau règlement européen soit plus tolérant et intègre une dose de pesticides de synthèse dans les produits bio afin que le retrait du label bio des produits dans lesquels la présence de pesticides de synthèse serait mise en évidence n'intervienne qu'au-delà " d'un certain seuil ".
Mais si un seuil de pesticides était retenu, ce qui n'est pas envisageable, quel serait ce seuil ? Qui le déterminerait ? et selon quels critères ? critères de santé publique, critères économiques ?...
Il est clair que cette mesure, très certainement poussée par les lobbies agricoles, et qui vise selon la Commission Européenne à conforter les agriculteurs qui se plaignent d'être victimes de contaminations accidentelles ou fortuites dont ils ne sont pas responsables mais lourdes de conséquences financières, si elle est adoptée, représentera un véritable Cheval de Troyes qui risque à terme de détourner les consommateurs des produits bio, dont on ne pourra plus dire qu'ils sont tout à fait sains, et de tuer dans l'oeuf l'agriculture bio qui se développe de plus en plus au détriment de l'agriculture conventionnelle industrielle.
Stella Giani
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La commission européenne veut "brader le bio" pour des raisons de "business". Ecoutez l'interview sur la radio RTBF de Marc-André HENIN, Vice-Président de l'UNAB (Union Nationale des Agrobiologistes Belges) et agriculteur bio à Beauraing et Marc TARABELLA, Eurodéputé PS en charge de l'agriculture et de la Protection des consommateurs.