Les lecteurs de la newsletter de Thés du Japon connaissent déjà la petite histoire de ce thé, mais je vais la répéter ici.
L'été dernier, j'ai participé en tant que juré à la deuxième édition d'un concours réunissant cette année là un peu plus de 300 thés japonais. Il y a des sous-catégorie correspondant aux types de thé, mais ce concours présente deux grandes catégories, "goût" et "parfum". J'ai eu la chance de me retrouver sur la catégorie "parfum", m'évitant ainsi de devoir goûter une quantité très importante de fukamushi-cha. Parmi la catégorie trop peu fournie à mon goût des "futsumushi-cha", il y en a un qui m'a particulièrement attiré. Magnifiques feuilles, belle liqueur très pure, parfum très riche et goût puissant. J'imaginais un thé de montagne, de Hon.yama ou autre, durant les dégustations, on ne connaît bien sûr pas l'origine des thés. C'est donc après coup que j'ai appris qu'il s'agissait d'une part du cultivar originaire Saitama, Yume-wakaka, et d'autre part d'un thé de Sayama, produit par M. Miyaoka. Whao ! un si beau futsumushi en provenance du département de Saitama, ou les fukamushi dominent de manière écrasante. Ce n'est pas commun. Yume-wakaba n'est finalement pas si commun que cela. Bien que son enregistrement officiel fut extrêmement rapide après son développement, il peine à se répandre. Il est réputé pour supporter à merveille les délicats procédés de flétrissement, encore mal maîtrisés au Japon, et bien voilà donc un thé qui fait honneur à cette réputation.
Le gros de la production de ce producteur est bien sûr du fukamushi, mais il réserve quelques feuilles cueillies manuellement, a de fines production de futsumushi (=asamushi, ici 18s étuvage pour ce Yume-wakaba). Il faut ajouter que c'est sa première tentative avec Yume-wakaba. Belle réussite !
Pour un thé très dense, très doux, une infusion assez tiède est une solution qui se défend très bien, mais je préfère pour ma part utilisé de l'eau à au moins 80°C, pour des senteurs bien mises en avant.
Dés les premières gouttes de thé versées dans la tasse, c'est un parfum intense, envoûtant, floral et crémeux qui apparaît de manière très nette. Ces senteurs, dans lesquels on retrouve aussi des notes de banane et de mandarine, sont bien sûr le "fruit" d'un processus de flétrissement extrêmement bien maîtrisé. Les feuilles ne montrent pas de signe de début d'oxydation, la liqueur reste très pure, d'un beau jaune vert, et même un examen de type compétition (infusion très longue à l'eau bouillante) ne laisse apparaître aucune de défaut comme une liqueur orangée, rougeâtre ou brune.
En bouche, ce sencha est puissant, il possède toute la force que l'on peut attendre d'un thé vert japonais étuvé, avec beaucoup de douceur, de l'umami, mais pas trop, pour ainsi dire pas d'astringence. L'after est puissant et long. On y trouve bien sûr une belle richesse d'arômes, qui rappelle les senteurs florales et fruitées de ce thé, avec une pointe de fraîcheur végétale, signe d'une torréfaction très faible.
La liqueur se trouble un peu sur les infusions suivantes, on perd un peu d'intensité, mais ce thé reste toujours aussi pur en bouche, toujours aussi riche en arômes. Une merveille dont je ne me lasse pas.
C'est un thé que je suis tout particulièrement fier et heureux de pouvoir présenter. Un tel résultat avec le flétrissement sur un thé vert étuvé, il serait dommage de rater cela.