Lorsque nous choisissons le vin au restaurant, nous sommes confrontés à deux questions. D’abord, choisir un vin qui nous plaira et s’accordera avec les plats ; ensuite, identifier les bouteilles proposées à des prix raisonnables.
En Belgique, on tourne autour de fois trois le prix d’achat, tva comprise. Une bouteille achetée 15euros tvac par le restaurateur est ainsi généralement proposée aux alentours de 45euros à la carte du restaurant, selon les marges qu’il prend et la réduction qui lui a été accordée, généralement 20%. Pour un vin acheté 5 euros, le coefficient peut monter jusqu’à 5 pour atteindre un prix «sur table » de 25euros. Par contre, il arrive que le coefficient tende vers 2 pour des vins haut de gamme. Le vin proposé à 300 euros aura donc été acheté à 150 euros par le restaurateur.
Petite astuce : certains appliquent leur coefficient sur le prix d’achat hors tva. Le consommateur préfèrera cette option. Un exemple pratique ? Prenons le vin Côtes du Rhône Parallèle 45 des Domaines Paul Jaboulet Ainé. On le trouve aux alentours de 8,50euros ttc dans le commerce. S’il est vendu 30 euros ttc au restaurant, on peut estimer que le restaurateur l’a acheté 6,80euros ttc (-20% par rapport au prix public) et pratique donc un coefficient de 4,4 (30 divisé par 6,80). Et ça, ça donne parfois un goût amer au vin. Pour info, chez le caviste, le même vin acheté 15euros sera revendu 18-19euros.
Le forfait vin : un faux bon plan ?
Le « forfait vin » ou menu « vins compris » prévoit un verre de vin adapté pour chaque plat du menu. Pour 30 à 40euros, le consommateur a droit à 4 ou 5 verres selon le nombre de services. Dans une approche optimiste, comptons 5 verres pour 30euros, soit 6euros par verre. Cela représente une bouteille à 30 euros, donc probablement du vin acheté 5 euros la bouteille hors tva. Intéressant pour le restaurateur, c’est certain. Par contre, pour le client, un budget de 60 euros pour 2 personnes aurait permis de s’offrir une bouteille achetée une vingtaine d’euros. Moins de vin, mais probablement plus de plaisir.
Méfiez-vous des « wineapps »
Pour choisir le vin, on peut demander un coup de pouce à son smartphone sur lequel une « wineapp » comme Vivino ou Delectable vous donne des informations sur le vin et son prix. Vous serez donc tentés de vous baser sur ces prix pour estimer le coefficient pratiqué par le restaurant dans lequel vous vous trouvez. Malheureusement, les données sont produites par les consommateurs du monde entier, mais majoritairement par les Anglo-saxons. Les prix indiqués ne sont donc pas toujours fiables, car ils reflètent plus souvent les tarifs des restaurants new-yorkais que les tarifs en vigueur sur le marché belge.
Bring Your Own Bottle
Une première solution de rechange pour pallier ce problème de coefficient est le « droit de bouchon » de 10, 15 ou même 20 euros qui permet d’amener son vin au restaurant. L’idéal est de prévoir 2-3 bouteilles, pour s’accorder avec les plats et pouvoir sauver la soirée si le vin est bouchonné. Aux États-Unis, plus précisément en Californie, on pratiquait déjà le BYOB (Bring Your Own Bottle) quand j’y étais à la fi n des années 90. Au Canada, c’est également très fréquent. En Belgique, certaines adresses mixtes (caviste, bar à vin et restaurant) appliquent ce concept sur le vin acheté sur place, par exemple chez Etiquette ou au Caffe Al Dente.
Il existe également des restaurants qui appliquent ce principe, soit un jour de la semaine, soit tous les jours, par exemple au Jules d’Emilie à Boistfort (1170) qui pratique un droit de bouchon de 15 euros par bouteille, ou Les Petits Oignons (1000) qui permettent d’amener son vin le jeudi sans droit de bouchon. Bravo !
Marge forfaitaire fixe
Une autre piste serait un système de marge fixe : pour les vins achetés moins de 20 euros, le restaurateur ajouterait 15 euros, pour la tranche 21-40 euros il ajouterait 25 euros, et ainsi de suite. Notre vin acheté 15 euros serait alors proposé à 30 euros, et un vin acheté 25 euros serait proposé à 50 euros. Je pourrais alors me concentrer sur le choix du vin, en toute confiance, plutôt que d’essayer d’éviter les arnaques et de faire surchauffer ma calculette. Ce serait le pied, non ?