Titre : Blacksad, T4 : L’enfer, le silence
Dessinateur : Juanjo Guarnido
Scénariste : Juan Diaz Canales
Parution : Septembre 2010
« Blacksad » est une série de bandes dessinées de grande qualité. Dès la parution de son premier tome il y a dix ans, elle a su conquérir les critiques professionnels et le public. Cela fait maintenant que la parution de chaque nouvel opus est un véritable événement dans l’univers du neuvième art. Ce mois-ci est apparu dans les bacs des libraires « L’enfer, le silence », quatrième aventure du désormais célèbre John Blacksad. Je me suis empressé de me l’offrir. Une nouvelle fois Juan Diaz Canales s’est occupé de scénario pendant que Juanjo Guarnido a œuvré sur les dessins et les couleurs.
Avant de vous présenter plus précisément l’histoire de cet album, je me dois de vous décrire la série. Son titre vient du nom de son héros John Blacksad. Il est détective privé et chaque album correspond à une des enquêtes dont il se voit confier. Elles se déroulent aux Etats-Unis dans les années cinquante. L’atmosphère est celle d’un polar noir. Les personnages sont des animaux anthropomorphes. Blacksad est un chat charismatique.
Une délocalisation à la Nouvelle-Orléans réussie.
Dans « L’enfer, le silence », Blacksad se trouve à la Nouvelle-Orléans, la patrie de la musique. Il est engagé par le directeur d’une maison de disque pour retrouver un de ses poulains. Rapidement, on se rend contre que ce jazzman disparu n’est pas forcément recherché uniquement pour son talent musical. Cette ville semble remplie de secrets dans lequel apparaît involontairement notre héros…
En délocalisant l’intrigue à la Nouvelle-Orléans, les auteurs nous font découvrir une nouvelle atmosphère. La patrie du jazz se prête parfaitement aux errances de notre héros. Ses bas-fonds sont voués à être visité par notre charismatique félin. Dès les premières pages, on s’immerge dans cet univers assez particulier. Les lieux sont intrigants. Les personnages qui y gravitent sont inquiétants. On n’est pas tranquille. Le dépaysement est total. L’ambiance « polar noir » est à son paroxysme. La performance des auteurs est remarquable. Une nouvelle fois, il nous offre un climat pesant et glauque à souhait. Les âmes humaines sont plutôt noires et notre voyage est passionnant. Chaque dessin est une œuvre d’art. Guarnido est un artiste particulièrement talentueux. Incontestablement, il est un de ceux dont j’admire les productions avec le plus d’admiration et de plaisir.
Mais cet album n’est pas uniquement réussi du fait de la qualité de la forme. Le fond est également à la hauteur et cela n’est pas peu dire. L’intrigue est intéressante. La trame est dense et nous réserve de nombreux cadavres dans les placards. A aucun moment, l’histoire ne s’essouffle, bien au contraire. Notre attrait pour le dénouement est en permanence attisé. Le scénario nous offre une grande galerie de personnages aussi réussis les uns que les autres. Aucun ne nous laisse indifférent et chacun semble coupable de quelque chose. Le bestiaire est très varié. On découvre un cheval, un hippopotame, un coq, un chien, un bouc, etc. Chacun est unique. Leur personnalité est travaillée et chacun amène sa pierre à l’édifice.
Vous l’aurez compris, cet album est remarquable. Tous les adeptes de bandes dessinées ne peuvent que succomber aux charmes de cet ouvrage. « L’enfer, le silence » est un opus qui se dévore d’une traite puis se relit une seconde fois plus lentement pour nous permettre d’en apprécier chaque détail. Ce nouveau tome confirme que « Blacksad » est une des séries récentes les plus talentueuses qui est amenée à occuper une place particulière dans le monde de la bande dessinée. Il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans l’univers de la Nouvelle-Orléans. Vous ne regretterez pas le voyage !