Nous aurions pu intituler cet article " Que faire à Courbevoie ?", ou encore "Mais qu'est-ce qu'on fout à Courbevoie ?". Nous ne sommes plus à Paris. Ici, plus de touristes, pas de folle animation dans les rues. Nous sommes dans une ville ultra bétonnée aux constructions serrées, et parcourons, sous la pluie, des quartiers qui alternent entre ghettos de riches sur-sécurisés et quelques immeubles bon marché mais pas trop disséminés ça et là. La vue, quand elle n'est pas bouchée par le bâtiment d'en face, donne sur les tours atypiques de La Défense. Ça a de la gueule, le soir, quand les milliers de fenêtres sont éclairées, et ça peut offrir un motif de balade quand vraiment on n'a rien d'autre à faire à Courbevoie...
Mais ça ne vaut pas un bon match de hockey sur glace. Une heure avant le match, les fidèles font déjà le pied de grue devant les portes de la patinoire. C'est le moment de mener l'enquête : le hockey est-il un sport familial ? D'un côté, oui, on peut le dire. En témoignent les petits loups déjà bien à l'aise sur des patins qui ouvrent le match par un tour de piste à toute allure. Les parents sont là pour les filmer et les prendre en photo. Peut-être ces gamins sont-ils les futures stars de demain ? En tout cas, il s'empressent ensuite de quitter leur équipement pour aller taper le poing des joueurs professionnels qui font maintenant leur entrée. Certains, assis derrière nous, on déjà tout l'attirail du supporter : maillots rouges à l'effigie des coqs de Courbevoie, trompes qui cassent bien les oreilles et cris d'injustice à chaque coup de sifflet de l'arbitre contre leur équipe. Entre chaque tiers temps, on mange sa pizza ou on joue au jeu du palet : réservé aux petits, il consiste à lancer le palet au plus près du centre de l'aire de jeu. Voilà pour le côté familial...
Malheureusement, ce n'est pas le seul aspect de cette soirée. Si les enfants restent encore courtois envers l'arbitre (quoique...), les supporters officiels ne sont pas complètement dénués de certains restes d'agressivité primaire quand la décision arbitrale leur déplaît. Le vocabulaire est fleuri et les huées fournies. Une ou deux bouteilles en plastique se sont même frayées un chemin jusqu'à la glace, jetées d'on ne sait où par des mains pas vraiment innocentes. Des mains qui ce soir n'ont pas servi à mettre sur la figure de ceux de la tribune d'à côté. Il faut dire que Courbevoie dominait assez largement l'équipe de Tours, l'honneur était donc sauf. Quand au match en lui-même, quel combat acharné ! Quel engagement ! Tous les coups sont à peu près permis, certaines fautes étant quand même sanctionnées par 2 minutes d'exclusion du jeu, ce qui est un moindre mal quand on sait les séquelles que peuvent laisser les coups de crosse, jeux dangereux et autres chutes violentes (voir à ce sujet un précédent article sur les commotions cérébrales dans le sport). On est bien loin du match amical Saint Gervais - Chamonix auquel nous avions assisté l'année dernière !
En résumé, pour répondre à notre question du jour, à savoir "Le hockey est-il un sport familial ?", nous dirons que oui et non. Un peu violent en gestes et en paroles pour des petits, pas forcément un bon exemple, à moins de débriefer chaque action et de ne pas trop prêter attention au vocabulaire des supporters. Par contre, un super sport, intense, complet, engagé, beau à regarder et hyper animé. Je suis évidemment totalement convertie !
Dernière remarque : la présence de trois patineuses un peu dénudées, tatouées, maquillées et déhanchées entre deux tiers temps. Une prochaine fois, nous nous demanderons donc si le hockey est un sport machiste.