Heureusement, une nouvelle génération commence à faire sa place avec des us et coutumes très éloignés de leurs vieux confrères râleurs qui oublient la vie faste qu’ils ont vécu à coup d’invitations à droite et à gauche. Un livre ne suffirait pas à vous narrer les comportements scandaleux de certains de ces chroniqueurs. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas pour cette nouvelle génération qui a habilement négocié des notes de frais auprès de ses employeurs pour éviter justement de tomber dans les travers de ses aînés.
Du coup, nous sommes en droit d’espérer que le jugement sur notre profession pourrait changer, que le public reconnaîtrait que nous sommes effectivement plus loyaux, libres de nos jugements et anonymes lors de nos visites. Ce qui est le cas. C’est un travail de longue haleine et ça finit par payer avec un peu de patience et de pédagogie même si certains qui se verraient bien à notre place n’en démordront jamais.
Seulement, il y a toujours un ou deux rigolos pour casser ce travail de pédagogie et l’histoire vraie qui suit en est le plus bel exemple. Comment voulez-vous qu’un restaurateur ou qu’un lecteur puisse croire que nous sommes honnêtes quand des individus sans scrupules prouvent le contraire.
Nous sommes début juin, dans le Marais. Notre pseudo chroniqueur gastronomique du jour dont je tairais le nom pour deux raisons, la première est qu’il est inutile de lui faire de la publicité, la seconde est que même si je vous le donnais, son nom ne vous dirait absolument rien vu qu’il n’apparaît dans aucun magazine même le plus méconnu de la terre. J'exagère, il sévit sur un blog ! Notre pseudo chroniqueur gastronomique du jour, disais-je, a faim. Il se rend donc dans un établissement élégamment médiatisé ces dernières semaines que ce soit sur ce blog, dans les magazines auxquels je collabore et par certains de mes jeunes confrères.
D’emblée, il se présente comme journaliste et précise à la responsable de salle qu’il compte écrire un article dont il ne connaît pas la date de publication et que par conséquent, il faudrait l’inviter !!!
A ce stade, je ne vous cache pas ma consternation.
Forcément, le doute s’installe côté restaurateur. Comment pourrait-il en être autrement pour cette dame qui justement vient de lire un certain nombre d’articles élogieux sur son établissement sans avoir su que les journalistes étaient passés et je peux vous garantir que tous ceux qui ont écrit sur cette table sont bel et bien passés.
Le pseudo chroniqueur mange le menu du jour en compagnie d’un « ami », vide correctement les assiettes, sauce quand c’est nécessaire tout en recopiant sur un bout de papier la carte des vins.
La fin du repas ayant sonné, l’addition est présentée. Fureur du chroniqueur qui explique qu’il fera un mauvais article demandant au passage les marges pratiquées sur les vins.
Au final, c’est son ami qui paie la note !!!
Je vous laisse juge mais ce genre de pratique est humiliant pour la profession. Comment voulez-vous que nous ne soyons pas discrédités après le passage d’un tel énergumène ? Le pire dans l’histoire, ce n’est finalement pas nous, ce sont les autres restaurateurs qui sont tombés ou qui vont tomber dans le panneau.