Le titre de cet ouvrage annonce immédiatement la couleur et ceux qui connaissent un peu l’artiste ne s’étonneront probablement pas d’être invité à entrer dans sa peau.
Chaque planche de ce recueil, qui reprend les pages parues dans la revue mensuelle le Tigre entre 2010 et 2015, débute d’ailleurs par les mots « Killoffer en… », permettant notamment de découvrir l’artiste en Killoffer, mais surtout en enfer. Le garçon n’est en effet pas tendre avec lui-même et au bout de 108 pages d’autocritique et d’autoflagellation bien appuyée, il ne reste plus grand-chose de l’illustrateur adulé. Chaque saynète est servie sous la forme d’un gaufrier à huit cases, accompagné d’une illustration en page de gauche qui fait admirablement écho à la planche de droite.
Le gros problème, lorsqu’on s’enfile toutes ces histoires courtes qui contribuent à dresser le portrait peu reluisant de l’auteur, d’un seul coup, c’est que l’écœurement et la saturation finissent par être au rendez-vous. De plus, l’empathie éventuelle envers le personnage principal disparaît inévitablement au fil du récit. C’est même plutôt l’envie de sortir de la peau de cet homme dépressif et porté sur une boisson qu’il n’a pas forcément bonne qui augmente au fil des pages. C’est un peu dommage car ce trip narcissique est illustré avec une virtuosité incroyable et une maîtrise du noir et blanc assez impressionnante.
Arrivé à la fin de l’album, le graphisme donne donc forcément envie d’encenser l’artiste, mais le contenu autodestructeur me donne plutôt envie de lui mettre deux paires de tartes…