La FinTech a connu une vogue de la finance participative, voici désormais celle des « robo advisors ». Tel est l'enseignement principal à retirer de l'édition 2016 de Finovate Europe, qui se tenait à Londres la semaine passée. Malheureusement, la multiplication des solutions ne semble pas s'accompagner d'un foisonnement de l'innovation.
Un rapide survol des 72 présentations qui se sont succédées au cours des deux jours de l'événement permet d'identifier (au moins) 6 startups positionnées sur le conseil en investissement automatisé. Sans surprise, toutes vantent la qualité de leurs modèles d'allocation, optimisant l'équilibre entre rendement et prise de risque. La seule nouveauté notable dans le lot est à porter à l'actif de MeetInvest, dont la stratégie est basée sur des actions individuelles et non, comme il est d'usage, sur des fonds indiciels.
Quelques grandes tendances se dégagent malgré tout dans le secteur. Tout d'abord, la thématique des robots conseillers déclenche un réveil de la Suisse, dont sont issues 3 des entreprises repérées : Additiv, InvestGlass et MeetInvest. D'autre part, la stratégie commerciale des nouveaux entrants est fortement orientée vers des modèles B2B, à destination des institutions financières, des conseillers en investissement… Deux d'entre eux – Envestnet et MeetInvest – en font même leur seul canal de distribution.
Pour trouver un peu d'originalité, il faut élargir le champ, notamment dans le domaine du « trading ». Citons par exemple Capitali.se, qui transforme des idées – exprimées en langage naturel – en transactions opérationnelles et optimisées, DriveWealth qui ouvre les marchés américains aux investisseurs du monde entier – avec la possibilité unique de négocier des fractions de titres – ou encore SwipeStox et sa vision « sociale » du conseil financier – qui propose de copier les transactions des autres utilisateurs.
Cependant, la véritable pépite de Finovate se trouve probablement ailleurs et, en ce qui me concerne, je la discerne plus volontiers dans la promesse de Capital Preferences. Voilà une solution qui – à partir d'un simple jeu et d'une application de la théorie de la préférence révélée – veut éclairer la personnalité des consommateurs et donner de la sorte aux institutions financières les moyens d'ajuster leur offre de services au plus près de leurs attentes, qu'elles soient explicites ou implicites.
Or, dans le conseil en investissement, il existe un cas d'usage à la fois trivial et critique pour une approche de ce genre. Aujourd'hui, toutes les solutions – celles des banques comme celles des startups – se ressemblent lorsque vient le moment d'évaluer l'appétence au risque du (futur) client. Au mieux, l'exercice passe par quelques questions de mise en situation (« quelle serait votre réaction si… ? »), au pire, il est simplement demandé de sélectionner un positionnement sur une échelle abstraite.
Non seulement leurs résultats peuvent être mis en doute mais, en outre, ces formulaires nuisent à l'expérience utilisateur, car ils sont perçus comme une étape obligatoire de la création de compte, plutôt rebutante et souvent mal comprise. En comparaison, la méthode ludique imaginée par Capital Preferences est susceptible de procurer une mesure plus précise et, surtout, plus objective, tout en évitant de décourager la poursuite d'un processus d'inscription. Il devient même envisageable de répéter le jeu de temps à autres, de manière à vérifier l'évolution de la maturité du client…
La valeur ajoutée peut paraître minimale, elle n'en est pas moins réelle. En effet, les différents « robo advisors » se trompent de cible lorsqu'ils tentent de se différencier par leurs modèles d'investissement – qui, finalement, reposent tous sur les mêmes théories financières. En réalité, c'est l'expérience client qui devrait être au cœur de leurs préoccupations. En la matière, chaque détail compte, en particulier au moment de l'entrée en relation. Hélas, à l'heure actuelle, toutes les solutions sont tristement similaires…