Matricule 89708: l’œil féminin de '39/45

Publié le 14 février 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! 1988 - Stéphane Grandjouan reçoit les mémoires de son grand-père, évadé des camps durant l’hiver 1941-1942. Sur les conseils de son ami comédien Alexis Desseaux, il rêve d’en faire une adaptation cinématographique. Il crée alors un scénario avec David Kruger à partir des écrits de son aïeul qu’il nomme "Matricule 89708". Puis avec l’aide d’un autre amoureux de l’écriture, le scénariste Jérôme Decourcelles, ils réalisent leur version définitive. Ainsi l’aventure commence. Le projet est endossé par la prometteuse réalisatrice slovaque Zuzana Mariankova. Au-delà d’un hommage familial, cette production mettra à l’honneur les femmes de la résistance. C’est pourquoi ce film se dévoile comme particulièrement innovant dans le genre du film de guerre.

Plongés dans une fuite haletante, les personnages de Roger (Quentin Santarelli) et René (Peter Lemarque) lient une amitié sans faille. Ensemble ils se cachent de foyer en foyer rencontrant des femmes de l’ombre durant leur périple. Un road movie à pied où les refuges se font rares. Les héros se retrouvent alors dans la nécessité d’accorder leur confiance à des inconnues. Jérôme Decourcelles revient sur la position des femmes pendant la guerre: "Matricule 89708 est un film humain, un film d’Hommes avec un grand "H". J’aime parler de ces femmes qui ont participé activement à la guerre, qui allaient à l’usine et commençaient à s’émanciper. J’ai même ajouté deux personnages féminins". Ce long-métrage est un témoin de la femme dans sa maturité au même titre que l’homme. Le personnage de Sœur Hélène par exemple, responsable d’un réseau de résistance, se révèle particulièrement remarquable. Des figures plus anonymes comme celle de la mère, de l’enfant ou encore de la jeune fille, marquent aussi indéniablement les écrits de Roger. Ainsi toutes ces femmes jouent un rôle essentiel dans cette évasion. Néanmoins il ne s’agit pas d’un film féministe, l’ambition est plus grande. Les initiateurs du projet veulent mettre en relief ces rapports humains où les hommes et les femmes de tous âges et de tous milieux se soudent contre l’adversité. Ces individus doivent se faire confiance envers et contre tout: l’unité de ceux qui vivent la guerre ensemble. L’œuvre menée de front par la réalisatrice Zuzana Mariankova, jeune femme de 24 ans slovaque et francophone, promet de rendre honneur à la mémoire de Roger Grégoire. Forte de son expérience de terrain, elle est plusieurs fois récompensée pour ses productions cinématographiques. Du meilleur film à la meilleure réalisation en passant par le meilleur montage, l’artiste a reçu pas moins de 11 prix pour ces dernières créations entre New-York et la Slovaquie. De quoi assurer à "Matricule 89708" un avenir prospère.