Par Florence-Elyse Ouellette
Je n’ai surtout pas envie de vous servir du réchauffé. Parce que ma présence, une fois remarquée, sur les réseaux sociaux est souvent accompagnée de la question qui tue : « euh, mais t’as une fille de 23 ans ? pis t’as 40 ans ? ».
Les jeunes surtout. Ça fascine. Je suis d’une autre espèce. Mais pas tant que ça si on se penche sur les statistiques, surtout leur version américaine. Or, dès le moment que j’ai eu un doute, à 16 ans, que j’étais peut-être enceinte, je me disais que ça ne se pouvait pas. Pas moi. Ça n’arrive qu’aux autres. Qu’aux filles de « cette espèce ». Les filles à qui ça arrive, un accident. On prend nos précautions, mais on glisse dans la portion du minime pourcentage de risque.
J’ai découvert que je faisais partie de l’espèce des filles qui tombent enceinte très jeune. À peine 16 ans. Avec un corps à peine réveillé, voilà le coup de masse au ventre. J’étais isolée dans mon propre corps. Entre ma tête remplie de peu d’expérience et le bout de plastique qui affichait « + », une vie m’empêchait de bien réfléchir. L’aspect physique l’emportait sur les émotions.
Pas de place aucune pour l’apitoiement. C’est comme la nouvelle collègue qui débarque et qui se fait « dumper » une pile de dossiers sur son bureau. Peu importe sa raison d’être là, elle est là, pis elle doit assumer le poids. Une lourdeur d’à peine quelques centimètres mais qui nous donne l’impression d’être dans un manège qui ne finit plus. Pis on se demande : ça va être quoi la suite ?