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Le vide, l'immensité, le silence, sont le trône de la fontaine de vie, de l'amour plus fort que la mort. Le vide n'est pas un but en soi. En son vaste sein, quelque chose, un je-ne-sais-quoi, se met à couler, un nectar dont jamais nulle âme ne fût rassasiée, une vibration au centre de la poitrine :"Et ainsi, [dans le vide], l'âme ne voit plus rien, ni en Dieu ni dans les créatures, vers quoi elle puisse ou doive tendre, ni aucune manière d'agir qui lui puisse être utile".C'est le fameux "il n'y a rien à faire" des "éveillés" d'aujourd'hui, le non-agir du Tao, l'in-action chrétienne, qui veut tout simplement dire qu'on se laisser agir.Soit. Mais à quoi bon, s'il ne reste rien ?A ceci de bon, car ceci reste :"Ce qui lui reste, c'est qu'au milieu de son obscurité elle sent au plus profond de soi-même, une vertu secrète qui l'attire sans pouvoir, savoir ni comprendre ce que c'est, et comment cela se fait : car il ne lui paraît rien du tout qui puisse tomber dans son entendement, ni que sa volonté puisse embrasser ou poursuivre, et encore qu'elle ressente bien l'opération de cette vertu qui la pénètre, elle ne peut pourtant y contribuer autrement qu'en la laissant faire et en se laissant (pour ainsi parler) dévorer à elle... C'est ce feu qui doit consommer toute la propre vie de l'âme, et lui en redonner une toute nouvelle.. qu'il la transforme enfin et la fasse semblable à Dieu, autant que la créature lui peut ressembler."Maur, Théologie chrétienne et mystique, p. 86 La vie intérieure, comme toute vie, est faite de morts et de renaissances.