LAIBACH WITH RTV SLOVENIA SYMPHONY ORCHESTRA au Bozar, Bruxelles, le 9 février 2016

Publié le 09 février 2016 par Concerts-Review

LAIBACH WITH RTV SLOVENIA SYMPHONY ORCHESTRA au Bozar, Bruxelles, le 9 février 2016

Le billet de JPROCK :
Fort d'une reconnaissance internationale le groupe slovène Laibach se produit ce soir à Bozardans le cadre du festival de Lubjana accompagné par le RTV Slovenia Symphony Orchestra.
Groupe énigmatique et injustement controversé Laibach est un collectif authentique qui fait partie du Neue Slovenische Kunst ( NSK) une micro nation virtuelle qui rassemble différents artistes, écrivains, peintres et musiciens.
Son parti pris : interpeller en utilisant une esthétique inspirée des régimes extrémistes et nationalistes sans donner de réponses aux questions qu'on se pose et obliger chaque individu à réfléchir et choisir son camp.
En résumé Laibach ne fait aucune concession, ni au niveau musical ni au niveau de son image.
Jouant avec bonheur avec ce qu'on peut appeler le " kitsch totalitaire ", dans un style aux influences dadaïstes évidentes, il juxtapose souvent conjointement des symboles d'idéologies politiques opposées.
Laibah bouscule et déconcerte et donc fait réfléchir, et en cela il en devient juste indispensable.
Ce soir dans la belle salle Henry Le Boeuf du Palais des Beaux Arts le groupe accompagné de l'orchestre symphonique de Slovénie revisite ses compos sous la baguette de Simon Dvoršak dans des arrangements du jeune compositeur slovène Anže Rozman.
Et dès le début du spectacle qui débute après les allocutions de quelques pingouins officiels par " Ode an die Freude " on est littéralement scotché par le son d'une pureté absolue.
Le mariage entre l'orchestre classique et l'univers industriel de Laibach apparaît évident et la voix grave de Milan Fras résonne comme jamais.
" Bossanova " sonne comme un véritable électrochoc !
Entre les titres c'est une voix off grave et saccadée qui s'adresse au public avec ironie en utilisant le second degré : " You - are - the best audience, we - love - you " , tandis que le band se tait et reste immobile.
" We - are - very happy - to be here ! "
Et c'est reparti de plus belle pour des titres qui alternent pop songs , chocs electro et arrangements classiques somptueux.
La voix enchanteresse de Mina Spiler s'envole tandis que celle glaçante de Herr Fras lui répond.
Chez Laibach on passe du feu à l'apaisement, du bien au mal, de la lumière aux ténèbres, le tout avec une facilité dérisoire et déconcertante.
" Now You Will Pay " chante Milan extrait de l'album WAT sorti en 2003.
Le groupe se lance alors dans l'interprétation d'extraits de " The Sound of Music "et ses versions martiales des titres issus de la comédie musicale sont tout simplement formidables.
L'aspect visuel du show est aussi omniprésent avec un joli travail sur les lumières et sur les projections 3D.
" We Are Millions and Millions Are One " suivi de " The Whistleblowers " issus du dernier album Spectre sonnent comme jamais, et le set se termine sur " Resistance is Futile "
" Ce que nous sommes, vous deviendrez
Un parasite, absorbant les âmes
On va sucer votre culture,
Cerveau, énergie,
Implanter vos gènes
À notre être collectif
Ne luttez pas contre nous
Toute résistance est inutile...
...Nous sommes Laibach
Toute résistance est futile "

Tout un programme !
A moins que ce ne soit une mise en garde ?
Ou la dénonciation de tout totalitarisme ?
Vous n'aurez pas la réponse.
Laibach n'est pas là pour vous la donner, Laibach veut juste vous bousculer, vous interpeller, vous choquer.
A vous de faire le reste et de vous interroger...ou pas.
Il est 21h45, le public est debout et l'orchestre suivi des membres de Laibach reviennent sur scène.
Encore un extrait de " The Sound of Music " avec " My Favourite Things " .
Je ferme les yeux et retombe quelques instants en enfance en revoyant Julie Andrews dans la mélodie du bonheur, mais mon absence ne dure que quelques secondes car dès la réouverture de mes paupières c'est bien Laibach que j'ai devant moi qui revisite à sa sauce cette chanson bien connue.
Du grand art !
Il ne reste plus au groupe qu'à nous donner l'estocade finale avec l'incontournable " Life is Life " dans une version prodigieuse qui mettra tout le monde d'accord et debout.
Quelques signes vers le public en guise d'au revoir puis les lumières s'éteignent à nouveau pour nous proposer sur l'écran géant le teaser du film retraçant le voyage et les concerts de Laibach en Corée du Nord et qui sortira au printemps.
Une dernière cerise sur le gâteau longuement applaudie .
Ce fut donc une soirée exceptionnelle en compagnie d'un des groupes les plus avant-gardistes de l'histoire du rock et de l'art, un collectif qui entretient savamment une certaine ambiguïté quant à ses réelles positions politiques pourtant pas du tout extrêmes quand on s'y intéresse de près et qu'on sait lire entre les lignes.
Un parcours difficile pour l'auditeur mais qui vaut la peine tant l'univers et la démarche de Laibach engendre questionnements et réflexions.
Et dans un monde où la plupart des propositions qu'on nous sert artistiquement et politiquement s'adressent à un public cible pré-lobotomisé, faire de temps à autre travailler ses méninges relève d'une gymnastique bienfaisante humainement essentielle.
Vous ne pensez pas ?
texte et photos : JP Vanderlinden aka JPROCK THE DARK FEATHER.
Setlist :
Ode an die Freude
Eurovision
Smrt za Smrt
Bossanova
Now You Will Pay
Do-Re-Mi
(Rodgers & Hammerstein cover)
Edelweiss
(Rodgers & Hammerstein cover)
The Sound of Music
(Rodgers & Hammerstein cover)
Climb Ev'ry Mountain
(Rodgers & Hammerstein cover)
We Are Millions and Millions Are One
The Whistleblowers
Resistance Is Futile
Encore:
My Favorite Things
(Rodgers & Hammerstein cover)
Life Is Life / Leben heißt Leben
(Opus cover)