Les services en ligne et l’application installée*
Logos des marques Google Picasa et Google Photos
Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une entreprise planétaire du Web poursuive la mise en cohérence de ses développements, cohérence visant à faire converger tous les actifs numériques de la planète vers une gamme unique de services ; les utilisateurs connectés confiant leurs objets à un seul acteur. Le bénéfice de cette mise en cohérence est apparemment reconnu par tous. Elle permet la gestion et le partage des images quelque soit le périphérique de capture ou de lecture, ordinateur de bureau ou portable, tablette et smarphone : cela va dans le sens de l’histoire, il s’agit d’une application « responsive » ; une fonctionnalité commune via une interface compatible.
Cette évolution n’est peut-être pas sans conséquence dans l’usage et les garanties apportées à chacun. Les utilisateurs de Picasa ont pour habitude d’importer des images, puis de saisir une description, des mots clés et une définition des conditions de « réutilisation » permises pour des tiers. On peut ajouter les commentaires aux images rédigés par les contributeurs et l’organisation par dossiers – « albums » auparavant, « collections » aujourd’hui -. Avons-nous la garantie de conserver les données existantes dans le nouvel espace alloué par Google Photo? Des tests le révèleront, déjà on parle de la disparition des commentaires, mais ce mini séisme dans l’univers de la photographie en ligne permet de mettre en exergue la nécessité pour chacun de prendre certaines précautions pour préserver les informations produites.
L’image a une valeur intrinsèque, mais elle devient riche accompagnée d’informations que nous ajoutons. La documentation d’une image accroît sa valeur, émotionnellement mais objectivement par une aide à sa compréhension. La légende, les mots clés hissent l’image au rang du document intelligent. Beaucoup d’utilisateurs investissent du temps à cet enrichissement, il s’agit de ne pas le perdre. Malheureusement, de toutes évidences certaines données disparaitront.
Cet événement orchestré par Google permet de rappeler qu’être totalement dépendant d’un service en ligne grand public est dangereux. On peut considérer la disparition de Picasa comme mineur dans l’évolution du monde numérique, on peut y voir aussi un renforcement de notre dépendance vis-à-vis des plateformes communautaires au détriment d’une maîtrise personnelle de nos documents. Là ou une prestation professionnelle peut garantir une véritable pérennité de nos données, les services « gratuits » ne font dans une certaine mesure que nous autoriser à utiliser un service sans garantie du lendemain.
Daniel Hennemand, v1.4
* Entre mars et mai 2016.