Une supplémentation en fer est indispensable en cas d’anémie ferriprive. Cependant des compléments de fer peuvent endommager l’ADN et en seulement 10 minutes, révèle cette étude de l’Imperial College London. Ses résultats in vitro, présentés dans la revue PLoS ONE apportent en effet des preuves de dommages à l’ADN des cellules endothéliales qui tapissent nos vaisseaux sanguins. Mais ces dommages se produiraient-ils in vivo et chez l’Homme ? Cela reste à prouver. Le principe à suivre est donc de respecter la prescription médicale.
Les chercheurs de l’Imperial College de Londres ont mené cette étude en laboratoire à la recherche des effets du fer sur les cellules endothéliales humaines qui tapissent les vaisseaux sanguins. Leurs expériences ont consisté à exposer des cellules endothéliales humaines à une concentration de 10μmol par litre de citrate de fer puis à mesurer la réponse des cellules au niveau génétique en identifiant les changements intervenus dans l’expression des ARN impliqués dans la régulation des différents processus cellulaires.
N.B. La dose de fer utilisée, soit 10μmol par litre de citrate de fer est considérée -par les chercheurs- comme une dose faible, cependant un expert indépendant Susan Fairweather-Tait, de l’Université d’Anglia suggère (2) que ce niveau d’exposition est bien supérieur au niveau équivalent, chez l’homme, lié à une supplémentation en fer standard.
Bref, l’analyse principale constate que les cellules endothéliales exposées au fer subissent des changements très rapides dans les profils d’ARNs vs cellules non exposées. L’analyse détaillée des différences d’expression d’ARNs confirme les effets significatifs de l’exposition cellulaire au fer sur les processus biologiques. En particulier,
· seulement 1 heure après exposition, le transport vésiculaire soit de substances autour de la cellule et idem pour les processus de dégradation des protéines et la division cellulaire, en raison de fer,
· au bout de 6 heures c’est le processus de réparation des dommages à l’ADN qui se trouve affecté.
· Enfin, une analyse plus poussée suggère que le fer initie ces lésions à l’ADN en moins d’une heure et dès les 10 premières minutes qui suivre l’exposition.
Une incitation à de plus amples recherches : certes, il faut rappeler que ces dommages sont constatés in vitro et qu’il faut encore démontrer, in vivo, sur l’animal puis chez l’Homme, que les comprimés de fer pourraient être préjudiciables aux vaisseaux sanguins. Cependant, l’équipe conclut que ces nouvelles données suggèrent qu’une supplémentation en fer et même à faible dose serait suffisante pour modifier l’endothélium vasculaire et induire des dommages à l’ADN. Des observations qui peuvent néanmoins inciter à d’autres recherches, en particulier pour valider l’innocuité de cette supplémentation chez les patients ayant une maladie génétique affectant leurs vaisseaux sanguins (ex : télangiectasie hémorragique héréditaire, une dérégulation de l’angiogenèse) et qui rapportent certains effets indésirables lors de la prise des comprimés de fer, comme des saignements de nez par exemple.
Cependant ces données ne doivent pas modifier l’observance d’une supplémentation prescrite par le médecin.
Sources:
1. PLOS One February 11 2016 DOI: 10.1371/journal.pone.0147990Low Dose Iron Treatments Induce a DNA Damage Response in Human Endothelial Cells within Minutes
2. (UK) Science Media Center February 11, 2016 Expert reaction to study investigating low dose iron treatments and DNA damage in human cells
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