Un film sublime, aussi bien pour ceux qui croient au ciel que pour ceux qui n'y croient pas ...
Il y a ces femmes cloîtrées, une communauté de bénédictines, en cet hiver polonais de 1945. Elles sont soumises à la stricte discipline de leur ordre, et à la dureté de leur mère supérieure. Quelques mois auparavant, des soldats russes ont envahi le couvent et déchaîné leur violence. Elles y sont toutes passées : violées par trois fois, les jeunes novices comme les autres. Une dizaine sont enceintes. Au traumatisme du viol, elles vivent leur état comme un crime contre leurs voeux, un péché inexpiable envers leur attachement à Dieu dont elles sont les épouses divines. Elles vont pourtant accoucher à peu près dans le même temps ... Qui leur viendra en aide, tout en sauvegardant leur terrible secret ?
Une jeune femme médecin, Mathilde, engagée dans la Croix-Rouge, agnostique, va les assister sans révéler quoi que ce soit, au péril de sa propre sécurité ... Certaines des nonnes se révoltent, dénient, d'autres gardent l'enfant et renoncent à leur engagement ... d'autres enfin ne supportent pas ces crimes, et pourtant, la plupart gardent la foi.
Un sujet difficile, traité avec pudeur, retenue, violence, sensibilité, émotion ... Des plans qui ressemblent à des tableaux du XVIIème siècle, des personnages attachants, des acteurs parfaits - Lou De Laâge, Vincent Macaigne (Samuel), Agata Buzek, Agata Zulesza : tout pour marquer les esprits et faire penser plus loin ... au viol considéré comme arme de guerre et de réprésailles et aussi comment aujourd'hui, d'autres femmes voilées et soumises à une autre forme de croyance ne tolèrent pas d'être examinées par un médecin ...
Une autre raison pour nous d'être émus : Jacqueline Briot, dont les souvenirs de guerre sont retracés ici, fut à 26 ans elle aussi infirmière en Allemagne occupée, en 1945, dans l'Armée du général de Lattre. Elle avait vécu tout ça, y compris l'assistance à de jeunes Allemandes violées par les vainqueurs, dont des hommes issus des troupes françaises.