Depuis des décennies, les astronomes peinent à caractériser une anomalie gravitationnelle distante de seulement 250 millions d’années-lumière, nommée le « Grand Attracteur ». Celui-ci attire vers lui des centaines de milliers de galaxies, dont la nôtre, la Voie lactée. Le problème c’est que justement le centre de notre galaxie se trouve devant, au premier plan, et la surdensité de matière empêche de distinguer ce qui se profile au-delà. Toutefois, grâce à un radiotélescope récemment « upgradé », une équipe internationale a pu démasquer des centaines de nouvelles galaxies.
Si, voici plusieurs millénaires, nos ancêtres n’avaient jamais cherché à comprendre la danse des étoiles dans le ciel et le déplacement particulier de certains astres brillants – que nous appelons planètes -, on ignorerait encore aujourd’hui que nous vivons sur une petite boule rocheuse (couverte d’un peu d’eau) qui tourne autour du Soleil, comme les autres planètes. Et on voyage très vite contrairement à ce que suggèrent les apparences, au sein d’un ensemble beaucoup plus vaste que le Système solaire : la Voie lactée.
Si nous sommes sur l’équateur, la rotation de la Terre se fait à quelque 1 600 km/h. Par rapport à notre Étoile, autour de laquelle on fait un tour en une année, on se déplace à 107 000 km/h. Ce n’est pas tout : toute la galaxie est en rotation et le Soleil accomplit une année cosmique en environ 230 millions d’années. Autrement dit, on se balade dans l’espace interstellaire à une vitesse moyenne de 965 000 km/h ! Dans l’espace intergalactique, cela s’accélère ! En effet, notre belle Voie lactée fonce vers la grande voisine, la galaxie d’Andromède (Messier 31, M 31), autre membre majeur du petit groupe auquel nous appartenons, baptisé « amas local ». En dépit de l’expansion de l’Univers, la force de gravité poursuit son œuvre à cette échelle, précipitant celui-ci à plus de 2 millions km/h vers des collections de galaxies beaucoup plus massives et denses, comme l’amas de la Vierge. D’un bassin versant l’autre, nous sommes autour d’un pâle petit point jaune à l’extrémité de l’une des rivières qui traverse l’immense continent Laniakea (Horizon céleste immense, en hawaïen) dont les contours ont été dessinés en 2014.
Depuis les années 1970, les astronomes ont découvert des indices que des centaines de milliers de galaxies (parmi lesquelles la nôtre) au sein d’une multitude d’amas sont irrésistiblement attirées dans une même direction de l’Univers local qu’ils ont appelé le « Grand Attracteur » (Great Attractor). Distant d’environ 250 millions d’années-lumière – ce qui est assez proche de nous à l’échelle de l’Univers observable -, il exerce une force gravitationnelle très importante, équivalente à celle de plus d’un million de milliards de soleils ! Seulement, voilà, depuis des années les chercheurs n’arrivent pas à identifier les causes de cette anomalie, les amas et superamas détectés comme celui de la Régle (Norma cluster), premier sur la liste des suspects, ne sont pas encore suffisamment massifs pour prétendre à une si forte influence à l’origine de cette si grande affluence…
Illustration de la collection de centaines de galaxies débusquées grâce au nouvel émetteur multifaisceau du radiotélescope australien Parkes (64 m de diamètre). La distribution des galaxies et leurs caractéristiques physiques (couleurs, formes…) sont conformes au sondage — Crédit : ICRAR
Découvertes dans une région inexplorée du cosmos
Non pas que les instruments ne soient pas en mesure de détecter les galaxies susceptibles de se bousculer dans cette région, et encore moins qu’elles n’existent pas, remplacer par un quelconque objet mystérieux. En réalité, les astronomes sont depuis longtemps confrontés à un obstacle de taille : un mur épais, au premier plan, de gaz, de poussières et de millions d’étoiles massées au centre de la Voie lactée et qui entravent l’observation de ce qui est au-delà. Une zone de vide ou d’évitement (Zone of Avoidance, en anglais) jusqu’ici impénétrable.