La question des changes sera inévitablement un sujet de discussion central. Cette enceinte pourrait être idéale afin d’apporter l’expertise nécessaire à la Chine et lui donner éventuellement un blanc-seing pour dévaluer, comme ce fut le cas par le passé pour le Japon. A court terme, ce scénario aurait pour principal inconvénient d’accentuer le désordre monétaire mais son impact sur les marchés resterait limité et n’aurait rien à voir avec l’électrochoc de l’abandon précipité par la Banque Nationale Suisse du cours plancher de l’EURCHF il y a exactement un an. A défaut d’une dévaluation du yuan, la BPC pourrait être contrainte de poursuivre ses interventions sur le marché. C’est le scénario de la fuite en avant. Les interventions sur les changes induisent un coût qui est de plus en plus prohibitif au regard de leur incapacité à stabiliser le yuan. La Chine n’est pas en mesure de battre le marché. Au rythme actuel (presque 100 milliards de dollars par mois), les réserves de change pourraient atteindre le seuil minimal recommandé par le FMI de 2800 milliards de dollars d’ici fin juin. Le pays ne peut pas se permettre que ses réserves s’effondrent nettement sous ce plancher qui permet à la BPC d’avoir une marge de manœuvre réelle pour intervenir en cas de choc externe. Si cela devait se produire, la Chine serait tôt ou tard contrainte de jeter l’éponge et de laisser les forces du marché décider du taux de change du yuan. La crédibilité de la BPC serait durablement entamée. La Chine a conscience qu’elle ne peut pas se permettre une telle éventualité, ce qui semble donner encore plus de crédit au scénario d’une dévaluation par étape du yuan d’ici l’été.
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La mise en œuvre évoquée d’un contrôle des capitaux n’est pas souhaitable car elle enverrait un message très négatif aux investisseurs étrangers au plus mauvais moment. En outre, les expériences passées montrent que de telles mesures présentent toujours des lacunes qui permettent de faire transiter les capitaux hors du pays via des moyens détournés, par exemple via Hong Kong pour la Chine. Pour une réelle efficacité, il faut imposer un contrôle très strict qui revient à étouffer complètement l’économie, ce qui ne fait en aucune façon sens dans le cas présent. La Chine n’aura pas d’autre choix dans les années à venir que d’offrir des gages d’ouverture du marché des capitaux domestiques aux étrangers et que de renforcer sa réglementation financière qui est, encore, très insuffisante.
Ce long processus n’exclut pas de nouvelles corrections importantes sur le marché boursier chinois voire des faillites d’entreprise qui aboutiront à réduire l’aléa moral. Il est certain, en revanche, qu’un taux de change stable du yuan après dévaluation pourrait concourir à rassurer les agents économiques. C’est, au demeurant, la manière la plus simple et la plus rapide de procéder. La Chine ne dispose pas d’autres leviers crédibles et efficaces pour rééquilibrer son économie à court terme.
A propos de l'auteur : Christopher Dembik est économiste chez Saxo Banque.