Triple peine

Publié le 12 juin 2008 par Adadala
***Information publiée sur le site de Courrier International***
Violée par son camarade de classe, une Polonaise de 14 ans n’a toujours pas pu avorter malgré la loi qui l’y autorise. En effet, bien que la Pologne campe encore sur des bases profondément ancrées dans le catholicisme, l’IVG est legal en cas de viol.
La jeune Agathe s’est d’abord vue refuser l’avortement à l’hôpital de Lublin par des médecins qui ne voulaient pas aller contre leur conscience. Conseillée par des organisations féministes et le planning familial, sa mère l’a emmenée dans une clinique à Varsovie. Mais harcelée par des prêtres, des membres d’organisations anti-avortement et des journalistes, Agathe n’a toujours pas avorté. A l’heure de la publication de cette information, elle en était à onze semaines de grossesse, or le délai légal pour un tel avortement, en Pologne, est de douze semaines.
Agathe a par la suite été placée dans un centre pour mineurs puisque sa mère s’est vue retirer ses droits parentaux par le tribunal de Lublin qui la soupçonne de pousser sa fille à l’avortement.
***Fin de l’information***
Cela se passe tout de suite, à une heure et demi d’avion de Paris, autant dire, la porte à côté. La Pologne fait pourtant partie de l’Europe, mais les individus n’y jouissent encore pas de leur liberté de croyance et d’action. Être européen aujourd’hui n’autorise donc pas à disposer de son propre corps. Rappelons que la Pologne possède la loi sur l’avortement la plus stricte d’Europe.
Être catholique signifie-t-il obliger son prochain à vivre selon ses propres principes, sans alternative possible ?
Pour vivre dans un pays fortement imprégné par la religion catholique, et au nom de cette religion, la jeune Agathe se voit infliger une triple peine : suite à son viol, elle ne peut avorter puis est séparée de sa mère.
Pas de chance pour Agathe, qui est née trop tôt ou trop tard, ou au mauvais endroit, pour avoir le droit à disposer d’elle-même. Si l’avortement demeure un réel parcours du combattant en France, il y a des femmes et des jeunes filles qui n’y ont toujours pas accès à quelques milliers de kms de chez nous.
A l’heure où les faiseurs de politiques tournent leurs regards angoissés vers l’Irlande pour savoir si l’Europe de marché, si l’Europe commerçante, flexible et compétitive se fera, nous ferions mieux de nous demander quand ces mêmes hommes (et femmes) politiques se soucieront d’instaurer une justice sociale pour tous.
NB : Le texte de l'information n'est pas celui publié sur le site de Courrier International. Je l'ai réécrit pour ne pas avoir de problème de droits d'auteur.Mes Petites Fables