Dans un précédent article, je vous ai parlé des non-dits, ce poison de la communication qui entrave nos relations.
Le non-dit devient un secret lorsqu’il concerne une chose en particulier qu’on ne peut pas dire car elle génère de la honte, un sentiment de culpabilité, de la souffrance…
On parle de secret pour des choses qui ont une importance particulière dans la vie et dans l’histoire de la famille. Par exemple, cela peut concerner les origines d’un enfant, sa paternité, son adoption, ou bien l’incarcération d’un parent, une maladie jugée honteuse, comme un trouble psychiatrique… ou bien encore un traumatisme (violence conjugale, viol…)… Les guerres génèrent aussi leur lot de souffrances et de tabous.
Tous ces événements font partie de l’histoire de la famille et s’ils ne sont pas nommés, ils vont devenir des secrets de famille. Or tout comme chacun a un inconscient, la famille aussi a un inconscient, appelé inconscient familial. Et tout ce qui y est refoulé car trop dérangeant risque de resurgir sous une autre forme.
Les descendants vont donc inconsciemment se charger de révéler le secret. A travers des comportements, des somatisations, des maladies, des choix de vie… ils vont dire le secret, allant parfois jusqu’à s’identifier inconsciemment à un ascendant mal-aimé ou à avoir un accident à une date anniversaire d’un événement douloureux…
Le secret finit toujours par resurgir d’une façon ou d’une autre. Les descendants peuvent sentir que quelque chose ne tourne pas rond dans leur famille.
Vous vous demandez peut-être s’il y a des secrets dans votre famille. Je crois qu’il en existe dans toutes les familles ou presque. Il est difficile de parler de certains événements, et surtout des sentiments et des émotions qui y sont liés.
Lorsque je rencontre des personnes en séance, j’aborde assez souvent la question de l’histoire familiale et des éventuels secrets de famille. Et notamment, lorsqu’une personne n’arrive pas à être heureuse sans comprendre pourquoi. Quelqu’un qui n’a pas de difficulté majeure dans sa vie et qui pourtant est en dépression peut avoir intérêt à se pencher sur l’histoire de sa famille.
De la même façon, quand on sent confusément que ses parents ne sont pas ses vrais parents, il est intéressant d’aller chercher plus loin.
Comment connaître les secrets en question?
C’est parfois assez simple. Je dirais que la facilité à dévoiler le secret est fonction de la capacité à entendre des descendants. En clair, lorsque la personne est prête à entendre, alors des éléments de l’histoire familiale vont pouvoir lui être révélés.
En posant des questions à ses parents et à ses grands-parents, puis en faisant un arbre généalogique et ce faisant en soulignant les incohérences et les aspects obscurs de cet arbre, petit à petit des éléments se font jour.
Ce chemin n’est pas toujours simple : car les personnes qui ont fabriqué le secret, qui ont tu les événements ne souhaitent pas que le secret soit mis à jour et donc elles peuvent s’opposer à la démarche de vérité des descendants.
C’est un travail passionnant et nécessaire, pour lequel il peut être judicieux d’être accompagné.
Par ailleurs, en tant que parents, nous pouvons éviter de mettre du secret, en parlant à nos enfants des événements qui ont jalonné notre vie, même s’ils sont douloureux : les deuils, les traumas, le chômage, les séparations… Il ne s’agit pas de tout dire, et cela doit se faire dans un langage adapté à l’âge de l’enfant. Mais là où il y a des mots possibles, nous avons moins de risque que nos enfants mettent des maux.
Et s’il y a plus de conscience dans notre histoire familiale, nous devenons plus libres de vivre notre propre vie.
Je suis à votre disposition si vous souhaitez me poser des questions sur ce thème dans les commentaires