Radio-Canada avec Agence France-Presse
Des ondulations de l'espace-temps, appelées ondes gravitationnelles, ont été détectées pour la première fois directement par des astrophysiciens américains du Caltech (California Institute of Technology), du MIT (Massachusetts Institute of Technology) et du LIGO (Laser Interferometer Gravitational-wave Observatory).Un texte d'Alain Labelle
Ces ondulations ressemblent aux vagues formées à la surface d'un lac quand on y jette un caillou. À l'échelle de l'Univers, ces vagues ont pour effet de plisser l'espace-temps, ce qui éloigne ou rapproche les astres ou les objets le composant. En fait, il existe deux types d'ondes gravitationnelles : les ondes primordiales, qui sont apparues juste après le big-bang, il y a 13,7 milliards d'années, et les autres ondes, fruit du déplacement d'objets massifs dans l'Univers.La difficulté pour les physiciens est de les détecter, puisque ces vibrations sont infiniment petites et se déplacent à la vitesse de la lumière.Par exemple, un plissement gravitationnel entre la Terre et la Lune entraînerait un rapprochement de l'ordre de la taille d'un atome.Il faut donc des appareils incroyablement sophistiqués pour mettre en évidence ces infimes vibrations de l'espace.« Cette percée marque la naissance d'un domaine de l'astrophysique entièrement nouveau, comparable au moment où Galilée a pointé pour la première fois son télescope vers le ciel" au XVIIe siècle »— France Cordova, National Science FoundationL'astronomie du futurCette percée annonce la naissance de l'astronomie gravitationnelle et ouvre la porte à de nouvelles connaissances de notre Univers.« À l'inverse de la lumière électromagnétique, la lumière gravitationnelle n'est pas absorbée par la matière; issue de sources lointaines, elle peut parvenir à la Terre en conservant toute l'information sur la configuration des sources qui l'ont engendrée. »— Jean-Pierre Luminet dans le Destin de l'UniversLes astrophysiciens pourront explorer différemment le ciel, et caractériser des phénomènes encore mystérieux, comme l'interaction entre deux trous noirs, la fusion de deux étoiles à neutrons et l'effondrement gravitationnel d'étoiles massives.Les années lumière consacre la première heure de l'émission dimanche 12 h 10 à la découverte sur ICI Radio-Canada Première.Une observation indirecteUne preuve indirecte de l'existence de ces ondes fut apportée en 1974 par les astrophysiciens américains Joseph Taylor et Russell Hulse.Les deux hommes venaient de détecter un pulsar binaire, un système de deux étoiles à neutrons en rotation. Ces étoiles étant rapides et massives, leur mouvement a donné lieu à une forte émission d'ondes gravitationnelles créant beaucoup d'énergie. L'effet de ces ondes était de faire perdre l'énergie orbitale au système, si bien que les deux pulsars se sont rapprochés très lentement. Or, ce rapprochement peut se mesurer, et le calcul, la perte d'énergie des ondes gravitationnelles, correspond exactement à ce que la relativité générale prévoyait pour une étoile binaire émettant des ondes gravitationnelles. Ce fut donc une nouvelle vérification de la théorie, mais surtout une preuve indirecte de l'existence de ces ondes.L'observation du rayonnement gravitationnel de ce système leur a valu le prix Nobel de physique en 1993.La vidéo qui suit, produite par le Centre national d'études spatiales de France, explique le phénomène des ondes gravitationnelles.